Tout le monde ment

Opaline a écrit:Il y a mensonge et mensonge ; le mensonge qui ne prête pas à conséquence dans la vie de tous les jours et le mensonge qui nuit à autrui comme le faux témoignage et là, c'est grave !

Tous les mensonges prêtent à conséquence, même les "mensonges pieux"
Quand on dit à un mourant "ça va aller mieux" ou une ânerie du même genre, le malheureux n'est pas dupe, et s'il l'est, c'est plus grave encore, parce qu'il y a tromperie, en plus du mensonge.
Tout comme il faut dire à un enfant devant une piqure "Oui, cela va faire mal, mais ça ne durera qu'un instant". Si tu lui dit "ça ne fait pas mal", il ne te fera plus jamais confiance.
Le mensonge dévoilé est une trace indélébile.

C'est très tendance de dire que la vie est une illusion, et que tout le monde ment, ca donne tout de suite l'allure philosophique en donnant de la contenance aux propos...

Certes ton argumentations est valables mais particulièrement manichéenne! D'un côté les naïfs, et de l'autre les gens qui paraissent et qui ensuite sont. A cela je préfère largement ce qui était écrit sur les théâtres anglais de l'époque de Shakespeare : " la vie est un grand théâtre et chacun porte un masque", cela soutenu par Diderot qui explique bien le paradoxe du comédien.

J'ai une très belle phrase à ce propos : Il y'a un conflit permanent entre ce que nous sommes, ce que nous voulons être et ce que nous croyons être.
Cela ne gomme néanmoins pas la part de vérité qui transparait en chacun, tout le monde ment, mais pas toujours, et pas en toutes circonstances, et pas toujours sur des choses importantes. Là encore il faut prendre du recul...

Par exemple, je n'ai jamais raconté de balivernes à mes enfants, comme cette histoire de père Noël, refusant de me laisser embarquer dans toute une succession de mensonges en fonction des questions des enfants !

En parlant de shakespeare, en voici une autre, Nath:

"Life is a tale told by an idiot,
full of sound and fury,
signifying nothing"

Et pour Opaline:

"Si vous tenez à votre opinion suffisament longtemps,
elle deviendra respectable"

Respectable ou pas, c'est la mienne et... je la partage !

grumpythedwarf a écrit:Bonjour, Le Docteur, et bienvenue (s'il te prenait l'envie de te présenter, nous avons une rubrique ad hoc, plus haut).

Ceci dit, ton "Mort aux naïfs" n'est pas exactement une entrée en matière, et risque d'ôter l'envie de te lire à certains.
Par contre, l'argumentation qui suit est nettement plus valable.

PS:C'est l'usage ici, de converser en bonne entente sans agresser personne, même quand on n'est pas d'accord.

Evidemment c'était à la fois ironique et relevant du constat de fait.
Naïf moi-même par un vice de conformité dont je n'ai pas encore saisi tout le sens, je me soigne autant que je peux.
En même temps j'ai parfois l'impression d'être pris dans un véritable vortex de la truquerie et de la mauvaise foi. Mais il faut prendre les hommes tels qu'ils sont et non tels qu'on voudrait qu'ils soient.
Je crois qu'il faut être malade de la vérité pour réaliser à quel point, effectivement, tout le monde ment...

Le Docteur a écrit:

grumpythedwarf a écrit:Bonjour, Le Docteur, et bienvenue (s'il te prenait l'envie de te présenter, nous avons une rubrique ad hoc, plus haut).

Ceci dit, ton "Mort aux naïfs" n'est pas exactement une entrée en matière, et risque d'ôter l'envie de te lire à certains.
Par contre, l'argumentation qui suit est nettement plus valable.

PS:C'est l'usage ici, de converser en bonne entente sans agresser personne, même quand on n'est pas d'accord.

Evidemment c'était à la fois ironique et relevant du constat de fait.
Naïf moi-même par un vice de conformité dont je n'ai pas encore saisi tout le sens, je me soigne autant que je peux.
En même temps j'ai parfois l'impression d'être pris dans un véritable vortex de la truquerie et de la mauvaise foi. Mais il faut prendre les hommes tels qu'ils sont et non tels qu'on voudrait qu'ils soient.
Je crois qu'il faut être malade de la vérité pour réaliser à quel point, effectivement, tout le monde ment...

Intéressant, ta dernière phrase, mais équivoque;
"malade de la vérité", ou "malade par manque de vérité";
Et d'abord, quelle est-elle, cette vérité ?
Des sages et des philosophes, des penseurs s'y sont cassé les dents depuis des millénaires, sans pouvoir en définir la quintescence.
Et qu'est-ce qui les oppose, la vérité et le mensonge ?
Ou plutôt, qu'est-ce qui les unit ?
Une ligne très mince, mouvante, insaisissable sur laquelle nous nous déplaçons chaque jour.

Je sais aussi que les gens ne sont pas ce que nous voudrions qu'ils soient.
La diversité est donc sauve, et ce forum conserve, de cefait, sa raison d'être !
Mais, sois-en sûr....tout le monde continuera à mentir (au grand dam des psy de tout poil )

Oui équivoque parce que croire que ce que tout le monde dit, au premier abord, est une grave maladie, comme de croire qu'il faut dire la vérité.
Je sais, je suis convalescent de cette grave maladie...

Tu vas ici trouver ton antidote...

On peut en effet se demander ce qu'est un mensonge. S'il s'agit de tout ce qui n'est pas la vérité, alors oui, tout est mensonge. Car personne ne possède la vérité. Nous ne touchons qu'une vérité subjective, il ne faut pas l'oublier.
Alors on peut affiner la définition en précisant qu'un mensonge représente tout ce qui n'est pas vrai, dans la vérité subjective. Dans ce cas là encore, tout est mensonge. Car la vérité subjective, ramenée à la personne, est unique. On serait alors obliger de mentir pour ne pas raconter de mensonge à notre interlocuteur. Beau paradoxe n'est-ce pas ?
Donc je pense que l'on ment lorsque nous disons quelque chose de faux par rapport à la vérité subjective de notre (ou nos) interlocuteur(s). Bilan de cette étude dont l'étrangeté n'a d'égale que ma fatigue en écrivant ces lignes : Tout le monde ment pour ne pas mentir !

Ah autant ouvrir un sujet sur la vérité...

Ce que vous appelez vérité subjective relève plus de l'opinion, prisonnière de la Maia, des phénomènes, j'espère que Grumpy aura saisit ma référence .

Protagoras avait une belle théorie sur le sujet : l'homme est ainsi fait que s'il défend ardemment une cause en y mettant il sera aussi convaincant que s'il faisait de même pour la thèse opposée. Voilà la base du scepticisme, du pyrrhonisme dirait Pascal, dans cette optique il n'y a pas de vérité ou que des vérités empiriques, je vous renvoi à la lettre aux aveugles à l'usage de ceux qui voient de Diderot.

Nous sommes tout simplement prisonnier de notre sphère, de notre schéma de pensée : bien/mal, péché/bonne action... et on gomme trop souvent, non pas la synthèse des choses, mais leur unité, ce qui est plus compliqué à comprendre. Je pense sincèrement que pour le coup le brahmanisme et l'hindouisme ont beaucoup de choses à nous apporter...
Et sur cette opposition, lire à l'occasion Hermann Hesse

"L"homme est la mesure de tout chose, de l'être de ce qui est, du non-être de ce qui n'est pas'" (PROTAGORAS)
La vérité n'existant pas seule mais face à une conscience a une part subjective dans la mesure où elle doit être pensée ou vue pour être. Sinon il n'y aurait que du réel à perte de vue... désolé ... à perte de rien...
Mais elle n'est pas pour autant "subjective" au sens où l'entend Protagoras (c'est l'opinion qui fait être ou non une vérité).
Une bonne partie de la philosophie fait son boulot là-dessus : une vérité n'existe que lorsqu'une conscience accepte de la voir et en même temps elle semble s'imposer au regard de celui qui la cherche. Elle est là, identique pour tous, mais n'apparaît qu'à celui qui est prêt à en faire l'expérience et de manière radicalement personnelle (il est seul à faire l'expérience). On le voit tout aussi bien dans l'allégorie de la caverne que dans le cheminement personnel d'un Descartes. La vérité comme "aléthéia" n'existe qu'en se dévoilant et dévoile bien pourtant "quelque chose"...

En n'oubliant pas que l'alètheia est étyomologiquement "vérité-réalité".
Les voiles qui couvrent pudiquement cette alètheia sont capricieux et changeants. N'est-ce pas Heiddeger qui lui a donné son sens de "dévoilement" ?

Bon, les gars ! La philo de café du commerce le matin m'empêche de jouir de ce beau soleil printanier ! A tout à l'heure, mes loulous...

Je pense que mon propos a été mal saisit docteur, je ne rejette pas la vérité hors du monde sensible, mais je n'accepte en celui ci que les vérités empiriques, qui sont des vérités bien plus que partielles.

L'opinion aboutit( parfois) sur la connaissance, si on en juge par le schéma platonicien, et la connaissance parfois sur la vérité. Comment est ce possible? Tout simplement parce que chaque opinion fait parti d'un TOUT, d'un ensemble, j'oserais dire une transcendance qui s'échappe des oppositions binaires. Je crois que les indhouistes ont une parole pour définir cela : AUM. La vérité se dévoile, mais pas comme réalité, mais comme transcendance.

Dans la lutte pour la vie, il faut savoir s'affirmer mais aussi se dissimuler, tendre des pièges, leurrer sa proie.

La feinte, le mensonge, le camouflage même les animaux en ont dans leurs bagages...

Et nous nous mentons à nous mêmes, bien des fois

Que diriez-vous donc, si je vous disais que tout ce qu'on raconte sur ce forum ne sont que mensonges ?
Etes-vous ptêts à affirmer que tout ce que vous avez écrit jusqu'ici est la seule et unique vérité ?
Pourquoi une simple opinon formulée en ces pages échapperait-elle à notre axiome, sur lequel chacun semble être d'accord, à savoir: Tout le monde ment.
Des amateurs ?

Lorsque je donne mon point de vue, je ne mens pas et c'est vraiment le mien. Je ne vois pas l'intérêt de mentir et de raconter des craques sur un forum de discussion, en tout cas je ne fonctionne pas ainsi.

Pourquoi séparer les choses entre mensonges et vérités? Je suis pas fanatique cette frontière que j'ai du mal à percevoir.

" La vérité n'est qu'une illusion dont on a oublié qu'elle en était une", Nietzsche a toutafais raison sur ce qui est de la vérité terrestre.

Pour moi cette frontière est importante ; question d'honnêteté envers moi-même d'abord, envers les autres ensuite.