Explication de texte du BAC Serie Es.

Bonjour à tous,

Je vous propose de réfléchir sur le sujet de la serie Es du bac de cette année, plus particulièrement sur l'explication de texte. Bien qu'essayant trouvé ce dernier ce dernier plutôt facile à comprendre j'aurais voulu connaitre vos interprétations et vos prolongements sur le problème posé.

Sujet III

Expliquez le texte suivant :

La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est œuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.

DURKHEIM, L’éducation morale

Voici la plan que j'ai proposé dans ma copie.

I. La morale un acquis de naissance, imposé et immuable.

II. Une contradiction entre le caractère collectif de la morale et la volonté d'une autonomie, d'un liberté de pensée(Conscience morale).

A noté que j'ai trouvé ce sujet plus sociologique que philosophique ce qui m'a un peu troublé et m'a même amené à évoquer une théorie Eco-sociologique que l'on retrouve ici à savoir le "passager clandestin" de Olson.

Un texte typique s'il en est. Il est intéressant de voir comment d'une part Durkheim "sociologise" des concepts philosophiques, avec ce qui est bien caractéristique chez lui, une pensée très holiste s'intéressant au mouvements de masses. En cela parler d'exception serait ici une erreur comme pour chez Kant, la morale a quelque chose d'universelle. De naissance l'homme sait ce qui est bon de faire et de ne pas faire, a la connaissance du bien et du mal. C'est une idée que l'on retrouve chez Rousseau dans l'Emile : la morale est un instinct que tout le monde possède, qui montre infailliblement la bonne direction. On retrouve une sorte de divination de la nature chère au philosophie semi-chrétiens comme Spinoza et Rousseau.

La question du milieu est posée implicitement aussi dans ce texte : et là Bourdieu, que j'associais parfois à Durkheim, ne se sépare de l'idée du "père fondateur" ( même si je le répète c'est Auguste Comte qui pense la sociologie). Lorsque Durkheim parle de naissance il parle de naissance dans un cadre, et c'est pour cela qu'il parle de la morale de tous quelques lignes plus bas, c'est parce qu'il pense bien entendu au fait qu'il y'a un certain déterminisme dans la naissance. Il ne balaye pas d'un revers de bras toutes les différences qu'il peut y avoir entre les sociétés de ce fait. Mais la naissance, comme le dira Laborit dans son Eloge de la fuite , prive de liberté l'individu, qui se retrouve enfermé dans des présupposés, des morales de groupe, des réflexes etc...

Pour les sociologues comme pour Sartre donc "l'existence précède l'essence" , et nous sommes formés par notre entourage. Néanmoins pour Sartre, ce qu'il développe dans l'Être et le Néant , l'homme est "condamné à être libre" ( aussi paradoxal qu'une expression de Rousseau n'est ce pas?). C'est lui qui choisit ses inclinations et peut sortir de son milieu, cela étant valable pour tous. C'est pour cela aussi que Sartre critiquera l'inconscient freudien comme un " autre moi" , alors que pour lui c'est un phénomène résultant du moi conscient.

L'opposition du particulier vers le général est un classique de la philosophie qui a été repris maintes fois, depuis les philosophes antiques. Kant ( Idées sur l'Histoire d'un point de vue cosmopolitique )et Hegel ( Raison et Histoire) on résolu, selon moi ce problème avec "l'insociable sociabilité " d'une part et la thèse proche de Hegel : " rien de grand dans le monde ne s'est fait sans passions". L'ensemble fixe un cadre que l'individu outrepasse par sa volonté, ce qui créé les évolutions successives. Mais la sociologie semble souvent oublier cet aspect, n'ayant un rapport à l'Histoire que limité.

La morale de l'Homme, qui aboutit sur les Droits de l'Homme placent bien l'homme au dessus du citoyen, de ce fait on reconnait à l'homme une légitimité morale, et une intégrité nouvelle. Pour Durkheim c'est assez clair, me semble t'il, cet acceptations de droit est là pour masquer le fait contraire. On retrouve une autre opposition classique en philosophie : celle du fait et du droit, théorisée en partie par Marx : l'égalité de droit et de fait ne correspondent pas ( voir sujet sur la sociabilité).

Voilà ce que je pense de ce sujet en quelques minutes ( je n'ai pas eu 4 heures donc ça reste assez général, mais il y'a néanmoins l'essentiel je pense).