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Science et religion, une incompatibilité?

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Science et religion, une incompatibilité? Empty Science et religion, une incompatibilité?

Message par Littlewingrunner Jeu 20 Mai - 22:52

Voilà un sujet que j'ai abordé en cours, et qui est en parti présent dans mon manuel de Philo, je trouve qu'il est important de la développer car on oppose souvent ces deux choses, les scientifiques pensant que les chrétiens sont des abrutis finis, ne se rendant pas compte qu'un Dieu est une illusion. Les chrétiens considèrent souvent à tort les sciences comme hérétiques ( voir le traitement fait aux novateurs par l'Église! ), et un effort désespéré.

Incomptabilité est le propre de ce qui ne peut coexister. Si ces deux notions sont incompatibles, cela veut dire que si l'une est acceptée l'autre ne peut avoir d'existence, soyons d'accord sur cela. De fait les deux choses s'opposent : la religion propose une croyance dogmatique, un discours de foi, les sciences un discours méthodique, de raison! La science peut elle disqualifier la religion et inversement, la religion contredire la science, la supplanter?

Freud est l'un des premiers destructeurs méthodiques de la religion. Dans un de ses fameux livres : L'avenir d'une Illusion , il rêve d'un monde ou l'éducation serait rationnelle, guérissant le monde de sa névrose dû à l'illusion religieuse. Pour Freud et de nombreux autres, sciences et religions s'opposent! Or n'y a t'il pas pour autant des savants croyants et des croyants savants?

Lorsque l'Église fait brûler le célèbre Giordana Burno, en 1600, pour avoir contredit la philosophie thomiste, en affirmant l'infinité supposée de l'univers, lorsqu'elle condamne Galilée pour ses recherches, contredisant aussi la philosophie thomiste de l'homme au centre, l'Église s'oppose clairement aux savants et à la science naissante! Leo Strauss fera de cette tension un élément fondateur de la société occidentale : Athènes et Jérusalem nous dit il, la science et la foi, s'oppose violemment. On peut parler de positions contradictoires, une conception est vraie ( partiellement), l'autre fausse, il n'y a pas d'autre acceptation. Il y'a bien une rivalité en ce qui concerne les systèmes de représentations des deux institutions. Cette opposition se retrouve dans le conflit actuel, même si un peu usé, entre créationnisme et évolutionnisme.
" La vérité ne peux pas être tolérante, écrit Freud, elle ne doit admettre ni compromis, ni restrictions. La science considère comme sien tous les domaines dans lesquels peuvent s'exercer l'activité humaine, et devient critique dès qu'une puissance tente d'en aliéner une partie".

Qu'est ce qui distingue nos deux discours, religieux, d'une part, et scientifique d'autre part, puisque ceux ci aboutissent à une même fin : l'intelligibilité. Le besoin de croire en quelque chose, le désir de connaissance et d'explication : ou allons nous, d'où venons nous?
Dans les religions, et on retrouve ça depuis l'antiquité, le mythe répond à ce besoin. Toute religion est pourvoyeuse de récit mythique, nous avons les récits des poètes chez les anciens, la fuite des juifs d'Égypte, des épisodes de la vie de Mahomet... Un mythe est toujours récit des origines, il n'y a qu'à voir l'Eneide de Virgile! Mais il eut été trop simple de s'arrêter là et la science s'en est mêlée, qu'est ce qui fonde sa supériorité théorique, ayant chassé peu à peu, les récits mythiques, obligeant une ré interprétation?

On peut répondre assez facilement à cette interrogation : la raison et l'expérience forme les deux ressorts de supériorité scientifique. La méthode fait le reste, découvrir des faits, établir des lois, avec ces lois, former des théories. Celles ci sont d'abords supposées puis démontrées, mais comme une loi et une théorie sont des énoncés généraux, intestable particulièrement, on ne peut conclure une vérité générale et absolue. Ces vérités gardent un caractère contingent; les scientifiques disant plutôt : " au vu de nos connaissance actuelles il semblerait que ce soit la possibilité la plus plausible". Ainsi le savoir se renouvelle chaque siècle, nous autorisant à parler de progrès, et permet de parachever l'ascendant intellectuel des sciences sur le discours dit mythique.

Car le discours mythique n'est pas lui démontrable, mais procède par autorité. C'est donc un conflit entre l'autorité et l'observation que celui entre la science et la religion. Le progrès a été tel que la religion a dû s'adapter aux découvertes, les textes gênants étant interprétés de manière allégoriques ou figuratives, on en vient à penser que l'expérience religieuse ne dépend pas de faits ( existence historique de Moïse ou Élie) mais sur une révélation et la grâce.
Si l'on reste sur cette comparaison il est évident que la religion est aliénante, elle prive l'homme de son entendement et le garde dans un état indigne de lui, mais pouvons nous nous arrêter là?

Ne peut on pas penser, a contrario, que science et religion sont deux branches d'un même arbre? La religion achevant ce que la science est contrainte de limiter? En effet la religion offre ce qui manque à la science: la cause première. Un savant contemporain a dit : je ne crois pas qu'un univers laissé à lui même aboutisse à des morceaux de perfections comme on en trouve sur terre, quand vous laissez une pièce sans vous en occuper pendant plusieurs années il est rare que les choses aillent mieux. Loin d'être incompatible la religion serait nécessaire à la science, lui fournissant son objet ( pour qu'il y est une horloge, il faut un horloger), et la vérité de ses énoncés ( voir Descartes et le Dieu vérace, Méditations métaphysiques il me semble). Néanmoins Dieu n'est pas celui des savants, il n'est pas explicatif, mais est une Personne ( et non un individu !), qui noue une relation d'amour. Cela n'est pas suffisant non plus car on bute sur ce que Kant appelle illusion transcendantale, en prenant le principe subjectif, la cause, pour un principe objectif : la cause finale, donc Dieu. Dans la Critique de la Raison pure, il estime qu'il a ruiné le fait que la raison puisse s'aventurer en dehors des méandres de l'expérience.

Un deuxième argument nous vient du côté scientifique : Galilée lui même montre les buts différents de la science et de la religion, la science cherche à comprendre le monde physique, la religion à chercher le salut de l'homme. Le religieux obéit donc à une autre requête : sortir l'homme de son angoisse métaphysique ( voir mon texte qui traite de cela, si vous avez le courage ! Je sens que Landord va se plaire avec tout ce jargon, et pourtant j'essaye de réduire ). Mais là encore nous sommes difficilement convaincu, les deux semblant empiéter sur le terrain de l'autre.

Le troisième argument nous vient de Jacques Monod, pasteur, "l'éthique de la connaissance", n'est qu'un postulat, il est permis d'en avoir d'autres, voilà ce que choisissent les croyants. Les croyants soulignent donc la petitesse de la raison, la puissance de l'imagination, l'impossibilité d'arriver à une science objective, l'auteur de référence est ici évidemment Pascal : " raison comme j'aime à te voir humiliée" dit il dans les Pensées. Certes les problèmes se produisent et nous savons comment mais nous ne savons pas pourquoi, c'est ce pourquoi qui légitime la croyance pascalienne, lui même grand scientifique. Qu'importe finalement d'avoir un raisonnement si on ne connait ni les tenants ni les aboutissants. La raison est ici disqualifiée comme instrument de vérité, au contraire, sans le coeur, ajoute Pascal, elle ne trouverait même pas les principes premiers.

Cet argument est le plus convaincant, la pensée humaine est axiomatique, la vérité trouvée n'est que provisoire et hypothétique, en quoi peut elle donc barrer la voie à d'autres vérités? Ce que la science critique dans la religion elle en souffre aussi : elle croit savoir, mais ne sais pas. Or si la raison a besoin de foi, le contraire n'est pas vrai. Avec la grâce Pascal nous donne une autre voie, plus sûre que la raison. " la foi est différente de la preuve, l'une est humaine, l'autre divine" " le cœur sent Dieu, non la raison, voilà la foi: Dieu sensible grâce au cœur et non à al raison". Ici le fait que les vérités théologiques ne soient pas accessibles n'est plus une critique, mais justement ce qui fait la force des religions! Un renversement s'effectue, la Vérité vient d'au dessus, et l'homme accepte son humiliation. Il n'appartient pas à la raison, au fini, de juger l'infini. " J'y crois parce que c'est absurde" proclamera Tertullien, érudit antique. Il faut lire l'Épitre aux Corinthiens pour saisir cette pensée, la sagesse des sages est annihilée quand il sagit de foi, l'intelligence des intelligents aussi.

Nous croyons donc avoir renversé le problème mais il nous reste encore une longue route intellectuelle à parcourir!
Certes la science échappe au dogmatisme religieux ( même si souvent absent de chez les protestants, seuls la Cène et le baptême échappant à la règle), mais elle n'en est pas pour autant plus vraie.

Il faut exclure le dogmatisme d'une part et de l'autre. Mais il ne faut pas croire que la comptabilité soit facile d'un côté et de l'autre. Ce n'est pas parce que la science reconnait sa contingence d'un côté qu'elle accepte les discours religieux, trop fondés sur la satisfaction des désirs pour être vrais, trop faciles pour ne pas être des illusions. Ce n'est pas parce que la religion accepte le fait que la science soit supérieure sur le domaine de l'empirisme qu'elle en accepte les principes, à savoir l'autorité de la raison. La soumission de l'esprit humain à la lumière divine reste l'essentiel.

Léo Strauss dira dans Droit naturel et Histoire que les deux concepts s'opposent sans compromis. Dans la tentative de tout synthèse un des éléments ( à savoir la liberté de recherche, et l'obéissance) est mit de côté. Si nous pensons à la lutte entre philosophie et théologie nous nous apercevons qu'aucun n'a réussit à réfuter l'autre. Tous les arguments en faveur de la révélation n'ont de poids que si l'on présuppose la croyance en la révélation, tous les arguments contre que si l'on admet l'incroyance au départ ( mais qui ne croit en rien?). La connaissance humaine est si limitée qu'il ne peut s'empêcher de chercher la lumière ( deus lumière en latin), pour éclairer sa vie, il ne peut non plus réfuter l'idée d'une révélation, étrangère à la raison.

Il y'a donc une comptabilité de fait puisque l'on peut être à la fois savant et croyant : Pascal, les deux choses traitants deux secteurs différents. La science obligeant la croyance à avancer et à devenir plus intelligente aussi. Mais les savants refusent le plus souvent l'absurde de Tertullien, Freud par exemple... Réciproquement Pascal considère que la philosophie et la science ( alors indissociable), ne vaut pas "une heure de peine".... S'oppose donc à la comptabilité de fait, une in comptabilité de droit entre les deux...
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Message par Invité Ven 21 Mai - 7:30

Suis à peine debout et à moins d'un troisième café, je pense qu'on me renverra me coucher si je prends part à cette discussion qui s'apparentera fatalement à un blabla de comptoir: j'ai des souvenirs de nuits diluées à la chaleur de litres de Mc Ewans en compagnie de Jésuites. Et d'une balade à Crotone... "Suis Dieu".
De bon matin, je pense vous éviter quelques évidences du type: la religion n'a pas à être un carcan et ne doit entraver ni le savoir ni le progrès. Inversement, que les sciences éclairent, et mieux on croit: c'est une forme de Grâce. Il y a des tas de gens qui donnent une limite divine à +∞... (bla et rebla)

Tiens, allez savoir pourquoi ça me fait songer à Ridley Scott (décidément):