Statut social et statut moral
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Statut social et statut moral
Ou la cohabitation entre société et morale... Kant ( vous aurez remarqué que je l'aime bien aha) distingue deux attitudes, celle due au rang social et celle exigée par la valeur morale. Voici ces lignes:
" Devant un grand seigneur, je m'incline mais mon esprit ne s'incline pas." Je puis ajouter: devant un homme de condition inférieure, roturière et commune, en qui je perçois une droiture de caractère portée à un degré que je ne reconnais pas à moi-même, mon esprit s'incline, que je le veuille ou non, et si haut que j'élève la tête pour ne pas lui laisser oublier ma supériorité." Doit on respecter un vil pour ses qualités morales ou le mépriser pour sa basse situation ou bien mépriser un seigneur pour ses basses qualités morales et l'adorer pour son statut? Le respect des conventions s'accorde t'il avec le respect de l'esprit de celui ci?
Pour ma part, sans garder la comparaison du seigneur et du vil, qui sont légèrement... dépassées, je garderait l'idée, un homme est il respectable socialement pour sa place sociale ou bien est il respectable moralement, éthiquement pour ses connaissances , sa droiture... ?
Sénèque fait une comparaison analogue à celle de Kant :
" Si j'aperçois un consul ou un préteur, je leur rendrai tout l'honneur que les charges honorifiques ont accoutumé de recevoir: je sauterai à bas de mon cheval, je me découvrirai la tête, je céderai le passage. Et quand je songe aux deux Caton, Lélius le Sage, Socrate, sans compter Platon, Zénon, Cléanthe, je ne leur ferais pas accueil en mon âme en leur témoignant tous les respects ? Oui je les vénère et me lève en toute occurrence devant ces grands noms. "
Une différence saute aux yeux entre les deux textes. Chez Sénèque, c'est un homme mort, reconnu collectivement pour son excellence morale, qui est révéré; chez Kant c'est n'importe quel contemporain à condition que son action soit causée par des motivations éthiques. D'où un signe présent chez Kant et absent nécessairement chez Sénèque: marquer par l'attitude physique la distance sociale possible entre l'homme ordinaire moral et celui qui reconnaît en lui la moralité en action.
Sénèque n'aurait-il pas envisagé la possibilité d'une reconnaissance de la valeur morale supérieure de l'esclave par rapport à celle de son maître ? Si on ramène cela à quelque chose de plus contemporain, si l'esclave peut etre supérieur au maitre moralement et qu'il mérite le bonnet ( l'affranchissement) l'employé peut il, s'il est reconnu supérieur à l'employeur , qui a pourtant un rang social plus élevé, se placer comme supérieur à ce dernier? Officieusement ( influence , coneils...) plus qu'officielement ( sans faire une comparaison et un rapprochement hatif entre esclave et maitre et employé et employeur).
On est désormais loin de la pensée exprimée dans le texte de Kant: en effet la valeur morale ne justifie pas une reconnaissance seulement intérieure de la personne concernée mais un changement dans la manière de se comporter avec elle. Il ne s'agit pas pour le maître instruit par Sénèque de maintenir par une gestualité ad hoc son statut social mais de se conduire avec la personne morale comme si le statut social n'existait plus. Serait ce donc le statut moral qui prévaudrait sur le statut social ?
" Devant un grand seigneur, je m'incline mais mon esprit ne s'incline pas." Je puis ajouter: devant un homme de condition inférieure, roturière et commune, en qui je perçois une droiture de caractère portée à un degré que je ne reconnais pas à moi-même, mon esprit s'incline, que je le veuille ou non, et si haut que j'élève la tête pour ne pas lui laisser oublier ma supériorité." Doit on respecter un vil pour ses qualités morales ou le mépriser pour sa basse situation ou bien mépriser un seigneur pour ses basses qualités morales et l'adorer pour son statut? Le respect des conventions s'accorde t'il avec le respect de l'esprit de celui ci?
Pour ma part, sans garder la comparaison du seigneur et du vil, qui sont légèrement... dépassées, je garderait l'idée, un homme est il respectable socialement pour sa place sociale ou bien est il respectable moralement, éthiquement pour ses connaissances , sa droiture... ?
Sénèque fait une comparaison analogue à celle de Kant :
" Si j'aperçois un consul ou un préteur, je leur rendrai tout l'honneur que les charges honorifiques ont accoutumé de recevoir: je sauterai à bas de mon cheval, je me découvrirai la tête, je céderai le passage. Et quand je songe aux deux Caton, Lélius le Sage, Socrate, sans compter Platon, Zénon, Cléanthe, je ne leur ferais pas accueil en mon âme en leur témoignant tous les respects ? Oui je les vénère et me lève en toute occurrence devant ces grands noms. "
Une différence saute aux yeux entre les deux textes. Chez Sénèque, c'est un homme mort, reconnu collectivement pour son excellence morale, qui est révéré; chez Kant c'est n'importe quel contemporain à condition que son action soit causée par des motivations éthiques. D'où un signe présent chez Kant et absent nécessairement chez Sénèque: marquer par l'attitude physique la distance sociale possible entre l'homme ordinaire moral et celui qui reconnaît en lui la moralité en action.
Sénèque n'aurait-il pas envisagé la possibilité d'une reconnaissance de la valeur morale supérieure de l'esclave par rapport à celle de son maître ? Si on ramène cela à quelque chose de plus contemporain, si l'esclave peut etre supérieur au maitre moralement et qu'il mérite le bonnet ( l'affranchissement) l'employé peut il, s'il est reconnu supérieur à l'employeur , qui a pourtant un rang social plus élevé, se placer comme supérieur à ce dernier? Officieusement ( influence , coneils...) plus qu'officielement ( sans faire une comparaison et un rapprochement hatif entre esclave et maitre et employé et employeur).
On est désormais loin de la pensée exprimée dans le texte de Kant: en effet la valeur morale ne justifie pas une reconnaissance seulement intérieure de la personne concernée mais un changement dans la manière de se comporter avec elle. Il ne s'agit pas pour le maître instruit par Sénèque de maintenir par une gestualité ad hoc son statut social mais de se conduire avec la personne morale comme si le statut social n'existait plus. Serait ce donc le statut moral qui prévaudrait sur le statut social ?
Littlewingrunner- Nombre de messages : 3140
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