Le seuil de Peters

Le seuil de Peters est le seuil d'incompétence. Dans une hiérarchie, tout employé a tendance, en effet, à s'élever de son propre niveau qui justifie sa présence par le poste spécifique qu'il occupe, à un autre niveau où il devient forcément incompétent.
Qu'en pensez-vous ?

Je ne sais pas... je n'ai pas eu beaucoup d'expériences professionnelles

Je ne suis pas très au fait, moi non plus, des expériences professionnelles diverses.

Cependant, je me méfie de certains principes énoncés et qui soudainement semblent adoptés par beaucoup. Souvent, quand on est bloqué et à court de solutions, on saute sur le premier énoncé qui semble justifier les difficultés.

Ainsi, on voit, au fil du temps, sortir des axiomes, des règles géniales... qui sont obsolètes l'année suivante, si ce n'est bien avant.

En fait de compétences, il faudrait détailler un peu.
La conscience professionnelle, l'acharnement à bien faire et à se perfectionner, le sens des responsabilités, sont également des " compétences" et ne disparaissent pas forcément avec une " montée en grade" .

Moi non plus, mais c'était juste pour lancer un sujet et attirer les fofoteurs paresseux. Heureusement qu'il y ptikari ! Youpi !
Ben quand même, j'ai enseigné la bureautique pendant deux petites années, et j'ai constaté, parmi mes collègues, que beaucoup d'entre eux avaient tendance à surestimer leur seuil de compétence dans le domaine professionnel. Mais s'ils s'apercevaient que la sauce ne prenait pas, autrement dit que leur public n'était pas dupe, alors ils se créaient des talents fictifs. Par exemple, l'un d'entre eux, après s'être livré à une espèce d'escalade démonstrative de son talent, avait fini par se mentionner que j'étais au moins d'aussi bon niveau que lui. Comment faire pour se distinguer, pour prouver une supériorité postiche sur l'autre ? Inventons. Voilà que du jour au lendemain, il se découvre des dons de musicien. Moi, je ne disais rien, je me gardais bien de commenter ces inoffensives rodomontades. Le collègue, cependant, de ne jamais manquer une occasion de me prouver sa science musicale en m'abreuvant de toutes sortes de termes techniques, dont au moins la moitié n'avaient aucun rapport avec la musique.
Quelques temps plus tard, je suis invité à l'anniversaire d'un de mes élèves, un garçon d'à peu près mon âge, c'est à dire 22 ans. Comme mon collègue, excellent formateur soit dit en passant, lui agréait, il l'avait prié d'être de la fête. Nous nous retrouvons donc chez lui un samedi soir. Surprise ! Un piano trônait dans le salon. Personne ne savait que j'étais pianiste, je suis très discret là-dessus. Je demande à Marc (prénom de l'hôte de ce soir-là), s'il pratique le clavier, il me répond qu'il s'amuse parfois, mais sans caractère de sérieux et que ses études pianistiques n'ont pas été à plus de trois mois de patience. Je lui glisse alors un petit mot à l'oreille, il écarquille des prunelles étonnées. Pendant ce temps, le collègue, commençant peut-être à soupçonner quelque chose, était de plus en plus mal à l'aise. Tout à coup, je m'assieds devant l'instrument, et après quelques arpèges d'échauffement digital, je joue la valse en mi mineur de Chopin.
Mon collègue ne m'a plus jamais parlé de musique.
En revanche, il m'assura bientôt qu'il peignait admirablement des paysages et des natures mortes.

Ha ha ha ha ha!
Trop fort. Pour ces gens-là, un seul moyen, être discret mais leur donner une petite leçon, et s'ils continuent... on recommence!
Globouille je suis sûr que tu pourras te débrouiller pour parler de peinture et qu'il te sorte encore des énormités

Je pense qu'il faut savoir rester à sa juste place et que l'orgueil ne mène à rien de bon, tant au niveau professionnel que personnel.

Pas facile de savoir quoi répondre (suis polie et bien élevée, merci Môman !) quand on attend de vous des exclamations admiratives alors que l'on vous montre une croûte !

Perle t'enferme pas das ton livre! ! !
Oui c'est vrai qu'il faut pas être orgueilleux, mais il faut aussi remettre en place ceux qui s'imposent trop!

Tu saurais dire à quelqu'un qui attend de toi des exclamations admiratives : "mais il est absolument hideux ce tableau, ce n'est qu'une infâme croûte !" ?

uhm.... oui. Je n'hésiterais pas. D'ailleurs je l'ai déjà fait.
Quand je suis allé visité le MOMA à New York avec ma tante, je l'ai dit, et ma tante ma expliqué pourquoi je ne devrais pas dire ça, et comment comprendre l'art contemporain.

Vivant dans un pays à basse population, je dois admettre que le principe de Peters est applicable à souhaits ici!
D'efficaces fonctionnaires atterrissants dans des postes où ils deviennent des ''boulets''pour le reste de leur vie active ce n'est pas rare!

Le seuil de Peters met en exergue surtout le fait que certains ne se rendent même pas compte de leur propre incompétence.
Pour cela, il faut du bon sens, de l'humilité, et un minimum d'intelligence.
Essayer d'expliquer à un con qu'il EST con, c'est peine perdue.

Je suis d'accord avec toi Grumpy!
Y a des gens qui nous envoient sur les roses quand on essaye de leur expliquer certaines choses... tant pis pour eux!

En général, quand quelqu'un commence ses phrases par moi, je, tu peux être sûr qu'il en rajoute en cherchant à lustrer sa couronne, bien souvent dédorée.

Moi, par exemple, je ne lustre pas ma couronne, ma mienne de couronne...

Ah, ah, t'as même pas de couronne, mais un chapeau de pirate !

Me souviens d'une chef d'agence (lorsque je bossais dans une agence de voyages à Lyon) qui venait me demander en catimini si je pouvais lui faire un billet d'avion circulaire car elle n'était même pas foutue de faire ça ! Jamais vu un chef d'agence aussi incompétente que le fut celle-ci !

Grrrr! ! ! Qui est le roi ici?

Tout d'abord, il s'agirait de définir ce qu'est le principe de Peter. Il s'agit avant tout de promotion et de hiérarchie. De plus, dans la phrase "un employé s'élève à son niveau d'incompétence", il faut surtout comprendre : "est élevé" par sa hiérarchie. Qui, par là même, prouve d'ailleurs sa propre part d'incompétence.

"Tinker était exceptionnellement zélé et intelligent quand il était apprenti au garage Reece : il devint bientôt mécanicien. Il savait admirablement diagnostiquer les plus obscurs défaut d'un moteur et faisait preuve d'une patience merveilleuse pour les réparer. Il fut nommé contremaître de l'atelier de réparations.

Mais là, son amour de la mécanique et son perfectionnisme deviennent des défauts. Il entreprend un travail qui lui paraît intéressant, néglige les réparations urgentes, en disant que tout s'arrangera bien.

Il ne laisse jamais partir une voiture avant d'être parfaitement satisfait du travail effectué. Il se mêle de tout. Il n'est jamais à son bureau, mais on le voit plongé à mi-corps dans un moteur démonté et, pendant que l'ouvrier qui devait faire le travail l'observe, les autres attendent qu'on leur dise ce qu'il doivent faire. L'atelier est donc surchargé de travail, tout est en désordre, et les livraisons sont en retard.

Tinker est incapable de comprendre que le client moyen ne demande pas la perfection, il veut sa voiture à l'heure ! Il ne peut comprendre que la plupart de ses ouvriers s'intéressent moins aux moteurs qu'à leur feuille de paye. Tinker ne s'entend donc ni avec ses clients ni avec ses subordonnés. Excellent mécanicien, il est devenu un contremaître incompétent."

Le problème vient donc du fait que lorsqu'un poste supérieur se libère, on choisit souvent le plus compétent dans le poste directement inférieur, or les qualités et compétences requises ne sont pas toujours les mêmes pour les deux postes. Un simple soldat efficace et aux ordres ne fera pas forcément un bon chef, un excellent enseignant peut être un lamentable directeur d'école. Un bon candidat à la présidence, choisi pour ses dons d'orateur, son charisme et sa force de persuasion, capable d'attirer le plus grand nombre de suffrages peut s'avérer, une fois élu, un déplorable chef d'Etat, incapable de diriger un pays ou d'appliquer son propre programme. Il faut parfois plusieurs promotions successives avant d'atteindre son propre niveau d'incompétence.

"Le corollaire de Peter précise : "Avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d'en assumer la responsabilité." Vous trouverez rarement un système dans lequel chaque employé aura atteint son niveau d'incompétence, naturellement. dans la plupart des cas, le travail continue. Ce travail est accompli par les employés qui n'ont pas encore atteint leur niveau d'incompétence."

Et il va de soi qu'un employé ayant atteint son niveau d'incompétence n'aura plus de promotion. Si son incompétence nuit gravement au travail des autres, il peut être renvoyé. Mais il peut aussi bénéficier d'une pseudo promotion dans un poste inutile (voire spécialement créé pour lui, avec un titre aussi ronflant que creux) dans lequel il finira tranquillement sa carrière sans gêner personne. C'est aussi une manière pour celui qui lui a accordé une promotion de camoufler son propre ratage et donc, sa propre incompétence en la matière.

Je me suis basée sur le bouquin "Le principe de Peter", mais le site de Wiki résume bien l'idée de base et ses conséquences. Histoire de recadrer le débat.


Dans le milieu professionnel, est-on réellement capable de reconnaître son propre seuil d'incompétence ? Et de refuser une promotion flatteuse (et l'augmentation de salaire qui va souvent avec) ?

Excellente illustration avec ce Tinker, Cerise.