Qu'est-ce que la philosophie [Sujet Sérieux]

Je me pose les questions: qu'est-ce que la philosophie? quand peut-on dire qu'on pratique la philosophie? qui est philosophe?

La première fois que je me suis posé la question, "Qu'est-ce que la philosophie?" j'ai pris naturellement le sens étymologique.
Philo ami et sophia la sagesse.
Le philosophe est donc l'ami de la sagesse et la philosophie consiste à chercher, rechercher et trouver éventuellement la sagesse.

Alors m'interrogeant sur ce que pouvait être la sagesse je demande à ma prof de grec qui me dit: Pour les grecs les sages étaient les personnes qui avaient beaucoup de connaissances.
Des érudits en quelque sorte.
Puis en lisant Platon et Socrate; des textes parallèles, j'ai appris que les grecs cherchaient la vérité et que la philosophie est la recherche de la vérité par le questionnement.

J'en suis donc resté à cette idée grecque de la philosophie.
Mais depuis les siècles ont passé.
Qu'est-donc devenue la philosophie?

Elle a quand même évolué depuis les grecs.
Tu pourrais t'informer un peu; c'est tellement vaste.

Je t'en donne deux définitions; la philosophie, c'est:

-Apprendre à mourir
- Ce qui nous permet de prendre la mesure de notre insignifiance.

T'inquiète, je voulais répondre mais une charmante demoiselle m'appelais pour se voir ce soir. On a beau être intéresse on ne fait pas attendre une femme!

La philosophie évidemment chez les grecs c'est la recherche de trois choses après Platon : Le Beau, le Bon, le Vrai. Il faut noter les antonomases qui font de ces notions des choses absolues, normalement intrinsèquement liées. La philosophie antique cherche bien la vertu, la "bonne vie" dirait Sénèque, ou pour le dire autrement, comment être heureux, par soi même ( stoïciens, morale d'Aristote ( éthique à Nicomaque), Cynisme..) et dans un groupe : Platon et Aristote, mais aussi d'autres parlent de la vie Politique. Si je devais résumer le large champs de la philosophie antique c'est bien cela, centré sur l'homme en lui même, les dieux n'étant que des affabulations de poètes, c'est ce que l'on entend entre les lignes chez Platon. Epicure ne refuse pas leur existence, mais les renvoi à un monde ou ils ne s'occupent plus de nous.

La philosophie antique est bien donc cette recherche de la sagesse ( sophia donc), qui doit conduire le sage à mener une vie meilleure, dans la praxis donc. Il ne faut pas oublier que c'est une philosophie de l'action, même si parfois on prône la non action ( Pyrrhon et les sceptiques par exemple). Le sage grec, dit Aristote, et l'idée est reprise par les romains ( Cicéron, Marc Aurèle, Epictète, pour ne citer que les plus connus), est celui qui fait ce qu'il fait, au bon moment, et en s'autodéterminant, sans fléchir à une influence extérieure. En d'autres termes en étant libre si nous traduisions en terme moderne. Mais je ne prétend pas réduire la philosophie grecque et romaine cela, je donne juste le but, après les moyens changent de beaucoup entre épicuriens, stoiciens, cyniques, platonicien, héraclitien, démocritien....
Il y'a l'idée, partout, d'un TOUT, et d'une harmonie avec l'homme, qui doit se contraindre, dirons nous. La représentation du monde, avait comme corollaire l'action des hommes et une conception.

Chez les modernes le problème change, avec l'apparition d'un Dieu transcendant, de la technique, et de l'avancée du temps dirons nous. Dieu transcendant impose une vision du monde avec les chrétiens ( même si Aristote avait déjà présenté un schéma, il n'y a pas de rupture brusque dans l'Histoire). La conception du monde change, l'homme n'est plus un privilégié par rapports aux autres animaux comme le pensait les anciens, qui disaient que l'homme était un "animal social", mais un animal; avec le christianisme il y'a une rupture : l'homme est une exception, il a une étincelle divine, on retrouve cette pensée jusqu'aux existentialistes chrétiens.
La technique change le rapport avec la nature ensuite, nous devons nous présenter " comme maitre et possesseur de la nature " dit Descartes, la technique, plus la révolution de la conception du monde : nous ne sommes plus qu'un point dans l'univers, et même plus le centre, comme disait la conception thomiste, change tout. Dès lors les philosophies peuvent devenir plus pessimistes, dès lors pourquoi penser la liberté comme donnée par Dieu, Spinoza qui camouflait un peu tout derrière une croyance nie le libre arbitre. L'homme devient une "feuille blanche " avec Locke ( traité sur l'entendement) et Hume : il se construit d'expérience, mais à la base n'est rien, l'existence précède l'essence, c'est déjà présent chez les empiristes anglais. Les lumières pensent de même : Helvetius est empiriste absolu, Diderot plus nuancé, Voltaire déiste mais très critique... Les esprits se libèrent et la conception du monde change, comme les actions à faire. Sade, est un exemple excellent pour illustrer cela : que vaut la moralité sans Dieu, tout devient possible alors dit Dostoievski. La période moderne est celle des désillusions : jusqu'à celle de Freud : l'homme n'est même plus maître dans sa propre maison. Dès lors la morale, l'humanisme, l'éthique, sombrent, on rentre dans le nihilisme de Schopenauer, certes la pitié, la musique, l'Art, sont les seuls moyens de salut. Nietzsche juste après sera plus nuancé, mais exclut les hommes, indiquant une petite partie de "surhommes", hypothétiques. La philosophie tourne son viseur sur un autre sujet : l'homme en lui même, et sa conception du monde, la conscience. La philosophie devient dès lors plus spéculative, moins pratique. Mais plus profonde je dirais ( sans insulter les anciens), plus difficile aussi.

Pour faire un petit topos sur modernes et anciens il faudrait que tu lise Benjamin Constant qui a écrit un superbe texte sur la sagesse des anciens et des modernes. Ce qui change aussi entre les deux conceptions c'est celle du groupe. Les modernes prennent conscience d'un effet de masse, inventent le libéralisme, après les physiocrates, les mercantilistes. On arrive à une problématique assez spéciale : les vices privés font les vertus publiques. La philosophie se détache de l'individu pour s'attaquer au groupe, fonde la sociologie après le positivisme de Auguste Comte.

Dès lors la philosophie couvre un large espace, elle peut être morale, politique, métaphysique, économique, esthétique... En se fondant sur l'anthropologie, la psychologie, la sociologie, l'Histoire...

On peut parler de philosophie, je pense, à partir du moment ou il y'a une réflexion construite sur le monde à l'aide de la raison. A un niveau plus " pro" on peut dire que le philosophe est celui qui pense avec sa raison en formant des concepts et au mieux un système, même si certains le refusent ( Kierkegaard), en étant critique des vérités prises comme évidentes.

Ps : j'avais posté sur l'autre topic mais j'arrivais pas à tout retrouver.

grumpythedwarf a écrit:
Je t'en donne deux définitions; la philosophie, c'est:

-Apprendre à mourir
- Ce qui nous permet de prendre la mesure de notre insignifiance.

"Apprendre à mourir", c'est tellement beau.

Néanmoins, j'apporterais une nuance en ce qui concerne notre insignifiance.
Oui, nous sommes insignifiant, mais seulement au même titre que tout les autres choses présentes dans l'univers.

Aha ça Zooey, justement, quand nous parlons en échelle de valeur, qu'est ce qu'un homme qui vit quelques années par rapport à un soleil qui semble immuable sur des milliards? Déjà Héraclite notait que nous n'étions par rapport à un arbre tricentenaire...

Peut-être que la philo, c'est une façon de comparer " des valeurs"

Si la valeur est la durée, ou la taille, ou la production d'énergie, le soleil gagne sur l'homme

Si la valeur est la conscience de soi, l'homme devrait gagner. ( pour ce que je crois savoir de la conscience de soi, par le soleil ou par l'homme

pour moi la philo, c'est juste être en observation des choses , et les analyser...

avec le plus de recul possible..