Le piano de ma mère de Queffelec édité de force

Voici une affaire dont vous aurez peut être entendu parler.
J'en ai fait un petit article sur mon blog ici : http://urticaire.makingfx.net/archives/502

Qu'en pensez vous ?

Pour ma part, je crois malheureusement que ce n'est pas une première dans l'édition française. Quand il y a un contrat et une avance sur droits, l'auteur se doit d'être dans les temps, c'est normal. Après cela reste des affaires entre personnes : l'éditeur peut dire "on lui a déjà laissé du rab, là, c'est bon, ça suffit, le livre est prévu, on y va!".
Sinon, le truc des dernières corrections que l'auteur n'apporte pas, ça peut arriver assez fréquemment. Si le livre est maquetté, tout prêt, la date d'impression bloquée, le livre annoncé à l'office, cela veut dire qu'à un moment donné l'auteur a livré un manuscrit (s'il donne à l'éditeur un écrit dont il n'est pas satisfait, c'est risqué). Si le livre a déjà pris du retard, c'est compréhensible que l'éditeur refuse que l'auteur retouche encore un texte qui a déjà été mis en maquette.
Bon après, je ne sais pas comment cet éditeur travaille et peut-être que Yann Queffelec a vraiment été pris dans un piège avec un contrat blindé qu'il n'a pas pu respecter mais malheureusement les deux parties qui ont signé un contrat doivent le respecter.
Je crois qu'un auteur ne devrait jamais donner à un éditeur un manuscrit dont on n'est pas satisfait, surtout quand il sait qu'il a des soucis de délai.
C'est dommage pour l'auteur et pour son projet de livre mais d'un autre côté, ce n'est pas quand le maquettage et la correction ortho-typo sont faits qu'on change le texte original.

Ceci dit, vu le sujet, je comprends très bien que Yann Queffelec ait eu du mal à écrire ce livre et à l'achever. C'est surtout dommage qu'il y ait eu un contrat avant que le livre soit terminé et que l'éditeur n'ait pas voulu/pu (on va dire voulu) respecter la douleur de l'auteur.

Ce débat ne devrait pas avoir lieu.

A partir du moment où l'auteur choisi de vendre son livre, il ne lui appartient plus : il n'a plus rien à dire. C'est à la maison d'édition de faire son boulot pour gagner un peu d'argent (ce qui est assez dur par les temps qui courent).

Si l'auteur n'est pas content de la version paru, il n'a qu'a briser le contrat (donc rendre l'argent avancé et sans doute en perdre un peu davantage). Repousser ad vitam aeternam la date de parution, cela relève du sketch de mauvais goût. La maison d'édition prend tous les risques en vendant le livre ; c'est son gagne pain et, indirectement, également celui de l'auteur. Donc si le livre sort au mauvais moment, tous les partis sont perdant.

Si l'auteur est le père de l'oeuvre, en acceptant de la vendre, il perd tous ses droits. C'est comme quand un enfant est adopté. Alors qu'il donne ou non son accord, on s'en fiche. Il n'avait qu'à l'écrire plus vite son livre, sacrebleu !

Y'a confusion des droits non ? L'auteur perd son droit de publication pour une période dans le temps jusqu'à ce que ça tombe dans le domaine public (ce droit là, ça porte un nom que j'ai zappé), mais conserve ses droits d'auteur sur le texte produit, et encore heureux, si on devait suite à une citation écrire Gallimard ou GF à la place du nom de l'auteur, ça mettrait bien en boule quand même.
Restent les droits moraux sur l'oeuvre, qui veulent dire un peu tout et son contraire : ils font partie du droit d'auteur, ils ne sont pas cessibles par contrat avec une maison d'édition, si ? Et parmi ces droits moraux, il y a bien celui du jugement de l'aspect fini ou encore perfectible de l'oeuvre non ?

Ca me laisse perplexe. Sinon, bien d'accord avec le fait qu'il est risqué de livrer un manuscrit qu'on estime inachevé. Je ne sais pas quels étaient jusque-là les rapports de Queffelec avec sa maison d'édition (j'imagine que là ça va se barrer légèrement en sucette), mais fallait être dans un sacré rapport de confiance...

lilnono a écrit:Il n'avait qu'à l'écrire plus vite son livre, sacrebleu !

St'à dire que vu le sujet... je peux comprendre que Queffelec ait eu du mal à terminer ce bouquin-là. Les auteurs ne sont pas des pondeurs non plus (remarquez, ça peut se justifier dans des cas de ponte avérée comme pour Mary Higgins Clark ou Amélie Nothomb, ça n'a plus rien d'une démarche de création, c'est bien de la ponte).