Là, maintenant, je me dis...

Oui, s'il fallait juger les grandes figures de l'histoire sur leurs petitesses, personne ne trouverait grâce aux yeux de quiconque, pas même le trop vénéré saint Louis sur lequel il y a beaucoup à dire.

Comment te portes-tu, Nath ? Ton séjour te plaît ?

Globouille a écrit:C'est quand même plus relevé que l'histoire de DSK : au moins, il y a de quoi faire un roman, de cette histoire...
Cela dit, le père Henri n'a pas été très fair play...
Enfin, on lui pardonnera la poule au pieux en faveur de la poule au pot.

... que tu as raison.
Il fallait tout de même de l'humour, pour nommer le mari de sa maîtresse (Gabrielle d'Estrées) à la lucrative charge de "Gentilhomme de la Chambre du Roi".

...de l'humour et un clin d'œil complice au bénéficiaire.

Littlewingrunner a écrit:C'est l'éthique de la conviction contre celle de la responsabilité. Le truc c'est qu'il y'a des raisons politiques derrière cela. Henri IV était un très fin politique et il avait compris que cette liaison ne faisait pas ses affaires. Il a été bon tacticien toute sa vie, en ce qui concerne la religion également ( " paris vaut bien une messe " ).

Oh, ça, ce n'est pas sûr. Il a perdu Rouen, alors que la Normandie aurait dû être sa priorité politique, parce qu'il est allé attaquer Chartres, dont il n'avait pas besoin, mais qu'un proche de Gabrielle d'Estrées convoitait. Même chose avec Noyon, dont Antoine d'Estrées, père de la récente favorite, devint Gouverneur et l'un de ses fils, évêque.
Pire encore, après, il s'attarda à Noyon, profitant des bras de la belle, qui habitait alors avec son père, le nouveau Gouverneur.
La reine Elisabeth lui envoya son ambassadeur, Unton, afin de lui demander ce qui le retardait. Et notre Henri de prendre prétexte de sa venue afin d'organiser de grandes fêtes en son honneur, et rester encore plus longtemps près de Gabrilelle !
Ce ne fut qu'à la mi-novembre que le Béarnais se décida à partir, il arriva avec ses troupes le 03 décembre. Evidemment, les habitants de Rouen ne l'avaient pas attendu : ils s'étaient fortifiés et approvisionnés pour un siège.
Les historiens sont d'accord pour dire que Gabrielle (moi j'aurais dit Henri) fut responsable de l'échec de la prise de Rouen et de toutes les morts inutiles causées par la prise de Chartres et de Noyon, qui ne confortait en rien la position du roi.
C'est loin d'être la seule "anecdote galante" où Henri fit passer le déduit avant sa politique.

Le marquis d'O lui conseille en une longue missive de ne plus "tortignonner" et d'arrêter de courir l'aventure galante comme il l'a tout de même fait pendant deux ans alors que la situation était très grave. La Ligue, Mayenne, avaient convoqué les Etats Généraux dans la capitale, afin d'élire un nouveau roi !
Le peuple en avait ras-le-bol des guerres intestines, des impôts, de la misère et il ne protestait pas.
Philippe II d'Espagne essayait aussi de profiter de l'inactivité du roi en installant sa fille Isabelle, petite-fille d'Henri II, en tant que reine de France.
Les Ligueurs savaient que la conversion du roi était la seule chose qui pourrait renverser la situation. Sully, quoique protestant lui-même, lui écrit que c'est là le plus prompt moyen de triompher. Mais Henri hésitait à trahir ses amis de la sorte.
Qui l'y décida ? Mézeray nous conte que ce fut Gabrielle qui emporta la décision du roi, la nuit précédant l'annonce de sa conversion. Mais pourquoi le fit-elle ?
Hé bien, parce que Marguerite, la reine Margot, était toujours vivante et que seul le Pape pouvait annuler cette union... Gabrielle se serait fait épouser ensuite.

Malheureusement, la belle Gaby en fut pour ses couches, comme chacun sait...
On appelle ça une mort puerpérale.

... qu'elle est morte comme la belle Ludres, "blessée au service du Roi"

Enfin, ce ne doit pas être marrant de clamser dans ces conditions. Affreuse fin...

Littlewingrunner a écrit:C'est l'éthique de la conviction contre celle de la responsabilité. Le truc c'est qu'il y'a des raisons politiques derrière cela. Henri IV était un très fin politique et il avait compris que cette liaison ne faisait pas ses affaires. Il a été bon tacticien toute sa vie, en ce qui concerne la religion également ( " paris vaut bien une messe " ).

Cette phrase est en fait de Rosny. Elle est reprise dans un recueil satirique de 1623 "les caquets de l'accouchée" :
"Il est vray, dit une commère, la hart sent toujours le fagot, et comme disoit un jour le duc de Rosny (Sully) au roi Henry le Grand, que Dieu absolve, lorsqu'il demandoit pourquoy il n'alloit pas à la messe : "Sire, sire, la couronne vaut bien une messe."
A lire aussi, pour le plaisir : Henri IV de Monique Lachère.

C'est Henri qui demandait à Scaliger : "est-il vrai, monsieur de l'Echelle, que vous avez été de Lyon à Paris sans aller à la selle ?"

Globouille a écrit:C'est Henri qui demandait à Scaliger : "est-il vrai, monsieur de l'Echelle, que vous avez été de Lyon à Paris sans aller à la selle ?"

Arf, c'est qu'il en a fait de belles, le roy Co !
La d'Estrée ruine le pays, plus personne ne veut lui prêter, alors il s'adresse à Elisabeth d'Angleterre, qui lui prête 200.000 écus et à la Hollande (avance de 450.000 florins).
Au début de février 1597, le roi se met illico à dépenser cet argent, emprunté pour payer la solde de ses régiments ! en organisant des fêtes luxueuses pour Gaby.
C'est pendant un bal qu'il apprend, effaré, la prise d'Amiens par les Espagnols.
Le roi venait de passer un an à faire la fête, négligeant totalement la situation internationale pourtant préoccupante.
Ca, c'est un fin politique.

N'oublions pourtant pas que sous son règne les finances ont été grandement assainies. Lire pour plus d'explications "L'homme aux quarante écus", de Voltaire. L'équilibre de la balance commerciale était exemplaire, et le pays prospérait. Qu'il ait donné par-ci par-là quelques fiestas, personne n'en disconviendra, mais pour se faire une idée de la sagesse d'Henri en matière d'économie, il n'est que de comparer l'état de la France dix ans seulement après sa mort. Les chiffres sont éloquents...

Fort bien ce séjour ma foi, pleins de choses à visiter, des gens adorables, je raconterai plus en détail à mon retour ( dans un peu moins de deux semaines ).

Pour ce qui est de Henri IV effectivement ses aventures galantes sont fort connues, mais il n'en reste pas moins qu'il a fait ce qu'il fallait dans certaines situations qui demandait une grande acuité, comme le conflit entre protestant et catholique, ou son accession au pouvoir.

Bon séjour, Nath, et profites-en bien...

P.S. Si tu veux faire découvrir l'Irouléguy aux Japonais, donne-moi une adresse, je t'en envoie une caisse, avé le drapeau basque dessus.

Oh oui, avec plaisir, Little, je suis une grande curieuse.
Pour Henri IV, je suis d'accord avec vous, même si c'est Gabrielle qui lui a fait embaucher Sully (pour de mauvaises raisons, soit) et qui lui a soufflé l'Edit de Nantes (de même), dès qu'elle est morte, et qu'il a pris de l'âge, il a arrêté ses folies et en a même pris le contre-pied.
Ce que c'est que l'âge

Oui, l'âge. Viendra forcément celui où je renoncerai aux pains aux raisins, sniff !...

Je renonce déjà aux plaisirs turbulents de la chair (mais pas de la chaire)...
Alors mollo...

Comment se fait-il que tu sois aussi documentée en histoire, medea ?

Globouille a écrit:Malheureusement, la belle Gaby en fut pour ses couches, comme chacun sait...
On appelle ça une mort puerpérale.

ou empoisonnement ?
Elle avait 26 ans et semblait en pleine forme, mais sa mort a été entourée de beaucoup de mystères. Entre autres, un certain Fouquet qui a proclamé sa mort afin que le roi ne la voie pas... alors qu'elle était toujours en vie. Un semblant d'autopsie lui a trouvé les organes bien abîmés. Et surtout, les symptomes qui l'ont prise au sortir d'un dîner chez le banquier Zamet, ne correspondent pas du tout à une fausse-couche (on dût d'ailleurs lui extirper le bébé du ventre, par morceaux, afin d'examiner ses organes). La face noircie, la perte de la vue et de l'audition, la crispation des traits même dans les moments de répit, tout cela fait effectivement penser à un empoisonnement.
Il faut dire que beaucoup de gens y gagnaient : le roi, qui avait promis le mariage un peu vite, mais aurait ce faisant hypothéqué la paix de la France, leur premier enfant étant né sous double adultère, le deuxième sous simple adultère et les suivants, nés après le mariage, n'auraient jamais pu s'arranger sur la légitimité du règne.
Le Pape, aussi, qui ne voulait pas annuler le mariage avec la Margot.
Puis le grand-duc de Toscane à qui, un an auparavant, le chanoine Bonciani écrivait secrètement :"Sans la duchesse, on traiterait du mariage de votre nièce avant quatre mois. Toujours s'accroît l'amour du roi pour sa dame ; cela deviendra un mal incurable si Dieu n'y met Sa sainte main..."
Pauvre fille, va, elle n'avait pas une chance...
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Coucou, voisin, j'aime lire et j'aime l'Histoire, c'est tout
Ta madame va beaucoup mieux, maintenant, I hope ?

Que j'ai prévu d'aller à Roppongi dans la semaine, quartier des boites de nuits, des bars, de la décadence, de la luxure et du sexe. Parait-il qu'il faut voir le coin, évidemment j'y vais en bon touriste curieux

Littlewingrunner a écrit:Que j'ai prévu d'aller à Roppongi dans la semaine, quartier des boites de nuits, des bars, de la décadence, de la luxure et du sexe. Parait-il qu'il faut voir le coin, évidemment j'y vais en bon touriste curieux

Hélas ! ton âme est perdue ! Tu ne seras jamais Témoin de Jéhovah !

Voilà comment on perd une réputation.
Moi qui croyais que tu étais l'archétype des bonnes manières !
Aller s'encanailler chez les nippons ! Pfffff...

Prions pour Nath, détournons-le des résolutions fatales inspirées par le diable !
Je lui propose de venir chez moi : je le conduirai à Lourdes, c'est juste à côté ; il y trouvera de quoi rhabiller les désordres de sa jeunesse corrompue.

Cette proposition est lourde de sens ( aha jeu de mot), mais je crains que ma damnation soit trop lourde ( one more time) pour être rachetée.