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Il n'y a plus d'encre au cornet

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Message par Globouille Sam 29 Oct - 15:28

Pas d'idées aujourd'hui. Plus d'idées, les idées sont mortes, le cerveau n'adhère plus, il n'y a plus d'encre au cornet, corne de bouc ! On écrit des livres pour quoi faire ? Pour être lu. Qui lit ? Qui lit (kili kili) ? Pas eux, les méchants, les incultes, les bêtes, les indifférents, les geeks, les paresseux, les manuels, les réfractaires à l'effort, les égarés de la civilisation, les rassasiés du bien-être matériel, les confortablement vautrés devant leur écran géant, les cervelles sous pression des jeux vidéos et des jeux télévisés, les adeptes du jardinage sur balcon, les érudits de Télé 7 jours et de l'Équipe, les estropiats des méninges, les hémorroïdaires du cortex cérébral, les beaux parleurs qui parlent mal, les malingreux, les témoins de Jéhovah, les groopies, les drag queens, les folâtres, les trop occupés, les désœuvrés, les laissés pour compte, les déracinés, les combattants pour la foi punique, les éclopés, les moribonds, les gâcheux, les perfides, les vicieux, les voleurs, les menteurs, les trompeurs, les embarrassés, les débarrassés, les énergumènes, les teenagers boutonneux, les laborieux, les marins au long cours, les mandarins de l'enseignement Aliboron, les scaphandriers d'eau de vaisselle, les crapoteux, les potaches en panne d'étude qui bavent sur les images pornos en bouffant leurs golos, les ados qui se regardent le nombril en soupesant leurs couilles, les prolétaires qui ont des soucis de fin de mois, les narcisses qui ont des soucis de faim de moi, les ménopausées qui ont des soucis de culotte de cheval, les apoplectiques de la matière grise, les juges pour l'application des peines, les jugesses pour l'application des pines, les avocats véreux, les procéduriers qui ont un poireau sur le nez, les affairistes, les poivrots cirrhosés, les dérangés du ciboulot, et, enfin, les gladiateurs. Tous ces gens ne lisent jamais.
Donc, pourquoi écrire des livres, puisque personne ne les lit, ou si peu ?
Pour s'occuper.
Branlette des neurones, j'affirme ! Demandez à mes voisins s'ils s'embarrassent de lecture ! Ils ont une saine philosophie qui les éloigne des caractères en Times New Roman 10 ou 11 points. Ils travaillent tous les jours que Dieu fait, sans se poser de questions superflues ou subsidiaires. Ils sont heureux et bienheureux. Ils rotent, ils pètent, ils pissent, ils font leur caca à heure régulière, ils mangent, ils boivent, ils dorment. Voilà tout. Ils ne lisent pas.
Lire quoi, d'ailleurs ? Des conneries ? Mais qu'a-t-on écrit depuis le début de l'humanité, si ce n'est des conneries ? Tout est connerie, de A à Z. Pas une oasis dans ce foutu désert. Même Bambi est un con, ou une conne, on ne connaît même pas son sexe. Même Johnny écrit des conneries, c'est vous dire ! Camembert, je t'en foutrais…
Bon, il faut bien faire quelque chose, puisque lire est inutile. Mais quoi ? Tagger les murs de sa maison, ça c'est une occupation. Envoyer des lettres anonymes, jouer au corbeau, c'est peut-être passionnant, on ne sait jamais, et puis on se donne le plaisir de foutre le bordel dans les chaumières. Mettre le feu à l'église, pourquoi pas ? Après tout, si Paris vaut bien une messe, Dieu vaut bien un incendie ! Ou bien, apprendre le turc, des fois que la Turquie ferait partie de l'Europe ; engager une campagne de calomnie contre les fabricants de capotes qui se fournissent chez les Chintocs. Y en a d'autres : inventorier le nombre de fois que Sarkozy a souri à la télé, ce sera vite fait ; militer pour qu'Harry Potter change de nom et s'appelle Henri Potier et pour que Ségolène Royal soit canonisée ; chercher les extraterrestres parmi les glaciers du Groenland ; inventer une nouvelle langue qui se parle en bougeant le nez ; transformer ses slip en chaussettes et ses chaussettes en turban ; détourner le cours des gaves des Pyrénées ; chercher le Graal à Matignon ; conduire deux voitures en même temps ; manger des élastiques ; écouter Sheila toute la journée et les discours de Balladur toute la nuit ; se déguiser en taliban ; faire peur aux enfants à Halloween en s'affublant du masque de Le Pen ; aller chez le médecin pour lui demander un arrêt cardiaque ; exiger l'euthanasie pour les bébés phoques sidatés ; faire un moule de la main de Thierry Henri et le porter au musée Grévin ; s'épiler les poils du cul sans attraper de torticolis ; attraper des vers de terre pour les apprivoiser ; ouvrir un cabinet de voyance extraputride ; croquer des dessins pornos sur les murs des salles du Royaume, sanctuaire immaculé des Témoins de Jéhovah…
En ce dimanche béni, je vous invite à méditer longuement sur l'opportunité de notre présence ici-bas. Des fois, on hausse les épaules...
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Message par Littlewingrunner Sam 29 Oct - 18:42

On est samedi pas dimanche non ?

Cela dit ton " coup de gueule " est intéressant, à mi chemin entre pessimisme cynique et stoïcisme désabusé. Ce que tu dis en première partie est vrai, ta longue énumération, bien que discutable - non pas sur sa musicalité qui est exemplaire mais sur son contenu - est révélatrice. Ce qui est intéressant c'est que c'est toujours lorsque l'on croit que l'inspiration est au plus bas, que l'on peut planter un drapeau noir sur le cerveau du poète, qu'elle revient plus éclatante, il n'y a qu'à voir le Spleen baudelairien...

Personne ne lit, ou très peu, c'est vrai; ou alors ce sont des livres de plage, du Marc Lévy, du Mac Donald littéraire, du fast food de la pensée ( si ça mérite ce nom). Et cela dans tous les domaines, pas uniquement pour les lettres, le cinéma est envahit de ce genre de pensées conformistes, du télé 7 jours, du Public, du Secret Story, du Transformers, de l'abrutissement sauvage sous forme culturelle. A coté de ça on passe toujours pour vieux jeu, dépassé, intégriste même, lorsque l'on se rattache à une tradition ( qui n'est plus du tout traditionnelle ) plus classique et littéraire, ou philosophique. Je suis toujours triste de voir que des gens en prépa lettres restent profondément attachées à Secret Story ou autre conneries télévisuelles. S'il y'a bien une visée de la lecture ( la vraie lecture, pas celle de travers, mais celle qui s'attache, s'attarde, et parfois s'épuise à rentrer dans une écriture, à comprendre son mécanisme et ce qu'elle présente, à ne pas considérer un écrivain juste comme un raconteur d'histoire, mais comme un moyen d'accéder à quelque chose du monde intelligible) en laquelle je crois c'est celle ci : le fait que lire puisse nous rendre meilleurs, non pas nécessairement meilleurs au point de vue moral, ce qui est plutôt bon, je pense et j'espère que tu seras d'accord avec moi, pour les bigot et autres religioseries ( néologisme volontaire), puisque toute littérature est amorale ( et non immorale ... ), mais d'un point de vue humain, elle nous délivre de préjugés, nous permet d'accéder à des vérités plus subtiles que le raisonnement. C'est pour cela que pour ma part je n'ai jamais fait de stricte opposition entre poésie, littérature, et philosophie ( que j'apprécie particulièrement), pour moi la poésie est une autre façon de comprendre le monde. Et j'ai la prétention de croire que c'est vrai, quand un poète parle du " vert silence des champs " il ne se trompe pas plus que celui qui parle du silence des champs verts. Pourquoi ? Parce qu'il se place sur une autre logique, percevant à la fois le vert, le silence et le champs, pourquoi faudrait-il faire une construction complexe et syntaxique là ou la perception suffit à juxtaposer plusieurs éléments ( voire à les fusionner si on en croit Bergson ) ce qui donne une délicieuse ambiguïté.

Un livre n'est pas juste du noir sur du blanc, de l'encre sur du papier, c'est aussi une vision du monde, une oeuvre existentielle, on écrit pour que le monde devienne supportable disait à peu prêt Bonnefoy en parlant de poésie, là aussi Globouille je crois que l'on tient un élément de réponse.

Alors évidemment comme tes voisins qui mangent, dorment, pètent, rotent et jouent à la pétanque, on peut vivre " heureux" dans l’ignorance, mais la vie est- ce une existence si exempte de dignité ? Kant avait une formule qui m'a toujours interpellé, mais que je dévierai de son contexte ( puisqu'il parle de morale) : le but de la vie de l'homme ne tend pas plus à chercher le bonheur que de chercher à s'en rendre digne. Je crois que la connaissance, les lettres, mais aussi la science ( sociale ou dite dure ) sont des instruments d'élévations relatifs ( et non absolus comme peut l'être la Religion) de l'humanité. Si certains préfèrent être des vers il ne doivent pas s'étonner d'être écrasés rappelait le doux Kant, et c'est ce que je pense aussi ( sans pensée belliqueuse aucune, après tout le jugement se fait à la fin de sa vie, quand on dresse des comptes, il faut juste pouvoir porter un regard positif sur ses oeuvres et ne pas pouvoir se dire : " finalement dans ma vie j'ai été absolument comme tout le monde, j'ai fait mes besoins, me suis branlé plusieurs fois, j'ai travaillé dans une boite de merde comme un employé lambda tout en me faisant baiser par mon patron, comme tout le monde" ).

Ecrire c'est toujours douloureux, il suffit de voir ce que ça donne chez Flaubert ou chez Proust, tu dois le savoir Globouille, mieux que quiconque ici. C'est une entreprise à la fois personnelle et universelle, quand la pensée d'un seul homme devient un patrimoine, une façon d'accéder à un fragment du miroir brisé de la vérité. Effectivement on peut ressentir la vacuité de cette entreprise, après tout qui te comprendra comme tu t'es compris ? Et pourtant, moi qui suis un peu dans cette optique également, mais loin encore de ce que tu peux produire, je sens bien que c'est une recherche du Sens et de l'Absolu qui anime, comme chez les alchimistes. Peut être les artistes sont-ils les alchimistes des temps modernes, poursuivant une quête impossible, s'en rapprochant tels une asyndètes, comme le Balthasar Claës de Balzac, et pourtant rien que le mouvement de chercher donne du sens. Voilà ma réponse à ta question finale.
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Message par Globouille Sam 29 Oct - 20:11

Oh, que tu as raison, Little, lorsque tu dis que la lecture nous délivre des préjugés. Elle fait mieux, elle nous les rend odieux.
J'ai réattaqué la correspondance de Voltaire, 13 volumes, et j'y épuise ma joie de redécouvrir l'esprit unique de ce grand homme. Cela me sauve de me faire trop de questions embarrassantes sur la finalité des actions humaines. Et pourtant, je n'ai qu'une hâte, continuer sur ma lancée et poser sur le métier l'autre roman, déjà aux trois quarts écrit. Absurdité ou merveille de la contradiction humaine ? Faut-il se sangler la camisole, avaler une capsule de cyanure, ou exulter et allumer des cierges à l'église du coin ?
Je suis même loin de Kant, vois-tu : je ne prétends nullement être digne d'un bonheur que de toute façon je ne cherche pas. Bonheur ! Allons donc, soyons lucides ! Où est le bonheur ici-bas ? Dans les apparences, uniquement : gratte le vernis et tu trouveras tout ce qui le dément, jalousie, colère, contrariété, médisance, bêtise, incapacité de durée des sentiments humains, inaptitude à la fonction "réflexion" du cerveau (le bug dans la barre d'outils : vite, vite, une mise à jour, un service SP de la moelle épinière !), j'en passe et des plus édifiants.
Ah oui, tu as encore raison sur la valeur de nos démarches et les souffrances qu'elle engendrent ! Flaubert et Proust en tête ont dévoré ce pain bis ! Malheur à ceux quos scribendi cacœthes tenet, que persécute l'incurable démangeaison d'écrire. Soyez plutôt maçon si c'est votre talent. Mon talent m'a fui, alors j'ai écrit. Je faisais un bon petit métier de rapport, j'étais plébiscité, envié même, si, si, je t'assure ! Pourquoi faire résonner sa lyre plus haut que le diapason ? Tu vois, je fais des efforts, j'aurais pu dire : pourquoi vouloir péter, etc.
Et bien non, ce n'est pas assez ! Il faut en remettre une couche. On n'est pas satisfait, on se dit : - Allez, il y a le deuxième, il faut te retrousser les manches et nous pondre une histoire encore plus vaste, encore plus folle, encore plus gigantesque que la première. Tout dans la démesure. Mais quelle mouche m'a piqué ? Qu'est-ce qui a embrasé mon cortex au point d'imaginer des trucs pareils ? Aux yeux de mes proches, je suis un doux dingue, un de ces rêveurs qui parlent tout seuls, qui élucubrent des avenirs impossibles, qui bâtissent des mondes idéaux et ridicules (forcément, l'idéal ne peut être que ridicule... CQFD), et qui ont l'outrecuidance (voyez un peu le toupet) de ne pas penser comme tout le monde, qui voient à travers la muraille, qui ont des visions et qui les fixent tout au long d'interminables pages d'une littérature dont on ne veut pas, parce qu'on ne veut pas être dérangé par ce genre de pestiféré de la plume, parce qu'il nous oblige à sortir de nos alcôves douillettes pour regarder le monde tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit.
Ah, on ne voit rien ! Terrible, ça ! On ne voit pas poindre l'aurore, on s'enferme dans la nuit, on refuse d'aller au-delà, de franchir les horizons existants, de marcher sur des sentiers vierges, on refuse de se commettre à l'événement de sa propre ankylose à secouer, de son immobilisme à gourmer, de ses contradictions qui nous tiraillent entre l'audace et la pleutrerie, on se dénie à soi-même le courage de percer les abcès qui nous rongent de l'intérieur, de faire éclater les cadres habituels de train-train soporifique, du vide intérieur devenu monnaie courante, et qui lentement mais sûrement nous tuent ; on refuse en un mot de mettre à la voile par temps de tempête, quitte à se noyer en route, afin de joindre le havre de quiétude qui est si loin, là-bas tout derrière l'innombrable semis d'écueils et de brisants, les Charybde et les Scylla entre lesquels il faudra bien louvoyer.
Quelle misère que le sur-place ! Quelle honte, aussi ! Mais surtout, quel ennui ! Tu sais, l'ennui dont parlait Baudelaire, le monstre bâillant, l'hydre polycéphale qui propose toujours un oreiller, comme le diable propose toujours une mauvaise action.
Donc, en avant ! Seul et pauvre, mais en avant ! Et tant pis si la vie s'arrête là, tant pis si le randonneur trébuche et dévale le précipice, au moins il aura entrepris le voyage.
On ne nous demande pas de réussir, mais d'essayer.
Mon navire est au radoub : demain je mets à la voile.
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Message par Littlewingrunner Sam 29 Oct - 20:50

Je ne suis pas certain que le bonheur ne soit que dans les apparences. C'est une conception bien moderne que de penser qu'il n'y a que des signes du bonheur. Je me souviens d'une analyse fort fine de Baudrillard à cet égard, désormais notre conception du bonheur n'est que dans l’apparat. Demandez à quelqu'un ce que c'est qu'être heureux : avoir une belle maison, une jolie femme, une Lamborghini, beaucoup d'argent. Voilà les signes du bonheur, aussi apparents et superficiels que des vêtements Armani ou Dolce Gabbana. Pour cela je suis d'accord avec toi Globouille, on gratte un peu et on s'aperçoit que le monde des paillettes une fois le parfum retiré, pue la merde.
Cela dit ce n'est pas pour autant que le bonheur n'est pas un but vers lequel on tend, par différentes voies, la littérature en est une, si un poème ne produisait pas un fort sentiment esthétique, une compréhension de quelque chose, de la joie, un fragment de bonheur, tout comme la musique produit parfois un fort sentiment de plénitude. J'ai l'expérience ( je parle peu de mon expérience personnelle généralement, je considère qu'elle fait perdre du poids au discours) de certaine jam ou le fait de jouer de la musique m'a emplit de bonheur, indépendamment des circonstances extérieures, on touche l'éphémère par l'art. En cela je suis absolument en accord avec Schopenhauer, l'Art est une des voies par lesquelles on sort de la domination du désir ( qui entraîne à cette conception erronée que le bonheur se fonde sur des signes, dans la distinction avec l'autre, il faut être supérieur, écraser.... ; cela dit je pense qu'il faut un minimum d'aisance également...), s'ajoute à cela la communion avec autrui ( sous forme de pitié, ou juste de discussion, là encore je pense que tu seras d'accord) et une forme d'ascétisme.
Le pessimisme est de mise sur l'état du monde, surtout si l'on est d'accord avec notre première observation sur la superficialité du monde; mais cela n'exclut pas un certain bonheur, plus difficile. Mais là encore ce n'est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin. Se rendre digne du bonheur c'est alors juste éviter les affres de l'apparence, se mettre en dehors des normes sociales, aller contre le préjugé, les bonnes moeurs faussement prônées... Evidemment cela revient à vivre en dehors du monde, en partie, comme Flaubert que l'on appelait Ermite.

Mais cette distance n'est-elle pas nécessaire? Je veux dire, Hugo et Rimbaud ne demandaient-ils pas, à leur façon, au poète d'être voyant ? Être voyant n'implique-t-il pas d'être rejeté, comme Cassandre ? Après tout nul n'est prophète en son pays.
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Message par Globouille Sam 29 Oct - 21:01

Oh oui, ces petits moments de bonheur fugace existent bel et bien ! Et c'est là où je crains qu'ils ne fassent illusion. Demandons-nous un peu s'ils survivent à la triste réalité ? Il y a qu'un moyen d'être heureux ici-bas, c'est de ne pas le vouloir. Mais je pousse loin le bouchon, et je me contredis tous les jours, puisque ce bonheur, je l'extrais de mon piano, de mes disques, de mes lectures, de mon travail quotidien, du salut que j'adresse à mes voisins, de ma filleule et de mon cousin que j'aime, des mes amis, de l'enthousiasme qui est mon compagnon quotidien, etc. Bah ! On n'en reste pas moins victime de tous ces petites gamelles de joie qu'on avale comme on peut. Puis le regard se porte sur la misère du monde, et le bonheur disparaît.
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Message par Littlewingrunner Dim 30 Oct - 4:29

Le bonheur est par essence personnel, il ne survit pas à la contemplation du désastre mondial. Ceci dit ce que tu évoques confirme la solution schopenauérienne : l'art, qui rend le monde habitable, la communion avec autrui qui nous y fixe, et puis une forme d'hygiène personnelle, d'exigence intellectuelle. C'est une définition a minima du bonheur, mais c'est la seule qui est défendable à mon avis.
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Message par Globouille Dim 30 Oct - 12:08

Donc, nous pourrions tout aussi bien conclure que sur terre, tout bonheur est égoïste, non ?
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Message par Littlewingrunner Dim 30 Oct - 17:56

Je ne sais pas si on peut dire égoïste, je dirais totalement personnel. Evidemment je ne pense pas que l'on puisse faire société avec les autres sans en retirer une forme de plaisir, regarder une oeuvre sans sentir un plaisir esthétique, avoir une rigueur personnelle, une exigence intellectuelle sans y retirer un soulagement quelque part. Mais le plaisir se greffe-t-il sur cela comme un corollaire ou comme la fin ?
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Message par Globouille Dim 30 Oct - 18:17

Espérons que ce soit un corollaire et non une fin, sinon nous serions voués à atteindre ici-bas notre capacité maximum de développement, ce qui nous dénierait tout épanouissement ultérieur au-delà de nos limites humaines actuelles. Nous serions donc à nous-même notre propre borne : non procedes amplius. Or, si la perception humaine est embryonnaire, si nous ne voyons que sept couleurs, si nous n'entendons qu'une échelle infime de sons, si nous ressentons plus ou moins, selon les individus, cette frustration continuelle qui nous entrave, c'est peut-être parce par compensation elle nous souffle à l'oreille que la vraie vie est ailleurs.
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Message par Medea Lun 31 Oct - 13:56

Ca prétend connaître ses classiques et ça ne sait même pas que Bambi est un garçon Rolling Eyes

http://www.disney.fr/bambi/

"Les scaphandriers d'eau de vaisselle" Il n'y a plus d'encre au cornet 870169

Bonne journée aux deux Il n'y a plus d'encre au cornet 559849
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Message par grumpythedwarf Lun 31 Oct - 14:07

Dites donc, les deux garçons, c'est pas un peu fini oui !
On dirait du Cioran, ma parole !
Non pas que vous ayez tort; mais il me semble que ce que vous décrivez est vieux comme le monde. La plupart des gens ne vivent pas; ils survivent.
Lire ? Quelle incongruïté !
Picole, foot et grosse bouffe; voilà le secret du bonheur !
Comme dit Nath, celui-ci ne survit pas aux malheurs du monde, si on s'en soucie. Alors quid ?
Je n'ai pas de réponse, hélas !
Hardi, les gars ! La vie vaut parfois la peine d'être vécue...
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Message par Globouille Lun 31 Oct - 15:42

Bon d'accord, Bambi est un garçon. Je fais amende honorable.
Grumpy, je suis en pleine dépression post roman, je broie du noir, j'ai l'impression de mourir en détails, de ne servir à rien et d'être nul en tout. D'où une sécrétion obligatoire d'antipoison sous peine de suicide. L'antipoison, c'est le "à quoi bon ?" du message initial de ce sujet. Little y a répondu avec son discernement habituel, ça réconforte.
Il y a une secrète analogie entre la dépression post roman et la dépression post coïtale : on a atteint son sommet, il faut redescendre.
Et puis, je suis épuisé par cet harassant travail, il m'a laminé.
En plus, mon vélo est détérioré et la voiture ne vaut guère mieux. Or, vélo et voiture se réparent, certes, mais à condition d'avoir du quibus, comme on disait jadis. Hélas, mon pactole ressemble au débit du Guadalquivir pendant les mois d'été.
Tout pour accentuer la déprime.
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Message par Medea Lun 31 Oct - 18:16

Va respirer un grand coup d'air frais automnal, Globouillet, il te reste cette chance d'habiter une très jolie région. Moi, si je sors respirer, j'humerai les crottes et fumées citadines, ou alors, faut que je prenne la voiture et fasse moult kilomètres.

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Message par grumpythedwarf Lun 31 Oct - 19:04

Courage,Globinet !
Tu as déjà traversé une mauvaise passe; ce n'est pas celle-ci qui va te décourager.
Consulte la petite lumière en laquelle tu crois, et tu t'en sortira.
Courage mon ami.
Don't give it up ! Never !
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Message par Globouille Lun 31 Oct - 21:07

Merci à vous deux. J'ai été précisément faire une longue balade dans la nature automnale, par le plus beau et le plus doux temps du monde, presque chaud d'ailleurs (au soleil, c'est tee-shirt et short). Comme c'est la périodes des vacances de la Toussaint et que les conditions climatiques sont idéales, les touristes affluent, il y en a de partout, Mauléon est colonisée par des bus en provenance de toute l'Europe, Royaume-uni, Allemagne, Pays bas, Belgique, Suisse, Luxembourg et même des Danois et des Suédois. Les hôtels affichent complet !
Le Pays basque rallie les suffrages, dites donc !
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Message par Opaline Mer 2 Nov - 12:14

Eh bé, que lis-je ? Allons allons Glob', ressaisis-toi ! Il n'y a plus d'encre au cornet 559849
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Message par Globouille Mer 2 Nov - 12:41

Bonjour, Opa.
Dur, dur, très dur : les tuiles me tombent sur la tête une à une : plus de voiture, plus de vélo et pas les moyens de faire réparer.
Seule note positive, j'ai achevé mon roman. Enfin, après une année d'un travail acharné, j'en suis venu à bout.
Pour le reste, complète capilotade !
Fait chaud, aujourd'hui, le vent d'Espagne souffle fort par-dessus les Pyrénées et fait tomber les dernières feuilles des arbres.
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Message par Opaline Mer 2 Nov - 13:03

Un mauvais moment à passer, Glob' mais tu en as vu d'autres et tu en es à chaque fois sorti plus fort, n'est-ce pas ? Il n'y a plus d'encre au cornet 559849

Achever la rédaction d'un roman doit faire un effet étrange et laisser un goût d'insatisfaction car on se dit inévitablement qu'on aurait certainement pu mieux faire et je te sais perfectionniste alors même si on se sent "libéré" d'une certaine façon, la tâche enfin accomplie, un certain malaise inexplicable est quand même bel et bien là mais tout ceci me semble normal, logique.
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Message par Globouille Mer 2 Nov - 13:13

Non, cette fois c'est la bonne. Voilà des années que je travaillais sur ce chantier, et je ne vois pas comment je pourrais faire mieux. Et puis, il faut savoir s'arrêter, en dépit des scrupules.
A présent, je m'attelle au second : 136 chapitres ont été déjà écrits.
Si je me rappelais la date à laquelle j'ai couché le premier mot de l'EDV ! Mais cela remonte si loin... J'étais un enfant encore quand l'idée m'a trottée dans la tête de trousser une petite histoire rigolote. De rigolote, elle est devenue un drame en 170 chapitres. Le plus touchant, dans ce roman, c'est qu'au dernier paragraphe, la boucle est bouclée et qu'on revient au tout début. Je t'assure que c'est émouvant.
Mon Dieu, quand j'y songe. Toute cette formidable épopée commence ainsi :

Dans la nuit du quatre au cinq janvier 2040, quelque part en Auvergne, entre les lieux-dits Col d'Eylac et Roc du Merle, une automobile gravissait avec peine la lourde pente d'une route escarpée de montagne.
Il neigeait.

Et voilà le premier fil d'une aventure qui ira par sauts et par bonds tout au long de 850 pages.
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Message par Opaline Mer 2 Nov - 13:18

850 pages ? Eh bé, on se demande ce qui va arriver à ce pauvre automobiliste tout seul au mitan de la nuit, là-haut sur la montagne ! What a Face
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Message par Globouille Mer 2 Nov - 13:31

Plein d'aventures !
Il va rencontrer un Kikoolol perdu dans la nuit !

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Message par Opaline Mer 2 Nov - 13:34

Ah ben si c'est ça, ça m'intéresse déjà nettement moins Razz mais te connaissant, j'en doute ! Cool On n'me la fait pas, à moi ! study
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Message par Globouille Mer 2 Nov - 13:39

Attends, je suis mort de rire ! J'ai été sur Wiki en tapant "Kikoolol", et je me suis marré, t'imagines pas !
Exemple de langage Kikoo : sé pa ankor lheur de la pitsa i son chelou les paran !
ou encore :

« mé espece de noobzor, t ki pr me parlé kom sa toi ?! t modo é tu te la jou ! ta de la chanse ke jsoi pa en face d toi ! »
Kikoolol montrant un signe de nervosité face à l'autorité d'un modérateur.
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Message par grumpythedwarf Mer 2 Nov - 13:41

Si Villon voyait ça... Rolling Eyes
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Message par Opaline Mer 2 Nov - 13:41

On ne parle décidément pas le même langage, ces gensses-là et moi ! What a Face

Laughing
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