L'affaire Michèle Martin.

grumpythedwarf a écrit:Si elle ne s'en remet pas à Dieu, mais à un psy, ou un médecin, c'est pas la même chose, sans doute !

Dieu, psy, médecin, aucun ne serait de trop.

Avant qu'il ne devint disciple du Christ, Paul était Saul de Tarse et, fervent pharisien, il poursuivait les chrétiens.

Il se rendait à Damas dans l'intention de les rechercher quand une force surnaturelle le terrassa. Baptisé, Saul devenu Paul se mit à l'école des apôtres du Christ et évangélisa la Syrie et la Cilicie (38-44).

Après quinze ans, crois-tu que cette femme puisse encore se repentir ?
Elle a décidé de vivre. Cela même est excessif.
Elle n'a certainement une conscience atrophiée.

Avez-vous remarqué un truc ?
Le Juge qui a mis la condition du couvent en France (sur demande de l'intéressée) dans les conditions de la libération doit bien savoir si la France peut refuser.
Et donc s'il faudra recommencer la procédure
Moi, je dis que c'est un malin

grumpythedwarf a écrit:Après quinze ans, crois-tu que cette femme puisse encore se repentir ?
Elle a décidé de vivre. Cela même est excessif.
Elle n'a certainement une conscience atrophiée.

Peut-être ou... peut-être pas... J'ose espérer pour elle qu'elle a pris conscience des atrocités qu'elle commit et que, bourrelée de remords elle a décidé de consacrer le reste de sa vie à la repentance mais... je ne sais pas dans quelle mesure un personnage aussi froid et dénué de sentiments (elle laissa mourir les jeunes filles sans un seul geste charitable envers elles) est capable d'une telle démarche, d'un tel cheminement spirituel car il semblerait qu'il y ait un dysfonctionnement du côté de sa conscience, atrophiée comme tu dis.

Repentir... on dirait qu'on parle d'un gosse qui a mis son doigt sur le bô gâteau que vient de terminer son papa.
A ce stade, je crois qu'il est impossible de se repentir, car si l'on est capable de faire ce genre de choses, peut-on vraiment comprendre que c'est mal, ou ce qu'est le mal ?

Je me rappellerai toujours de ce que m'a répondu Maman lorsque, bouleversée par je ne sais plus quel fait divers lorsque j'étais ado et m'étant écriée : "je ne comprendrai jamais qu'on soit capable d'une telle horreur et qu'on puisse dormir sereinement ensuite !" elle me répondit : "sache que certaines personnes n'ont pas de conscience, alors elles sont incapables de réagir comme toi tu le fais"...

Je pense que ce ne sont pas des êtres humains, il y a un grave vice de forme dans leur construction cérébrale. Ce ne sont même pas de malheureux malades, un malade reste humain.
Il ne faut pas les tuer, certes, mais les empêcher de nuire.
Ce n'est pas pour rien qu'on les appelle prédateurs, et je parie que ça doit les flatter.

*

Poussepain a écrit:Certes par ricochet il y'a une fonction dissuasive mais aujourd'hui face à un délinquant ou un criminel la société dit "Tu m'as fait ça, tu me dois tant"; dés lors qu'il a payé, le coupable ne doit plus rien a la société il peut se réinsérer et reprendre une vie normal.
Fondamentalement c'est aussi simple que cela.

Ca me rappelle une nouvelle lue il y a longtemps. Le voleur d'une grosse somme avait été condamné à une longue peine de prison, mais l'argent n'avait pas été retrouvé. Le policier attendait le voleur à la sortie, pour le suivre et retrouver l'argent. Effectivement, le voleur fut pris en possession du pactole et en fut délesté. La chute de l'histoire est assez amusante, le policier s'en va en se disant que le voleur est bien bête : ce n'est pas parce qu'il a "payé" qu'il est quitte.
Le voleur rigole bien parce qu'il a placé l'argent pendant sa peine de prison, et que les intérêts lui ont rapporté l'équivalent de cent années de salaire.

Poussepain a écrit:Ce qui me choque dans le propos si dessus, c'est que l'on dénie l'humanité du coupable d'une atteinte contre les personnes.
L'idée que celui ci se départisse de son humanité est archaïque, fondée sur une conception idéalisée et donc non réel de l'homme.
Ce que fait l'homme est par essence humain. Au delà de la pur logique c'est une évidence. Le phénomène,e criminelle est inhérent à l'humanité.
Le coupable de l'infraction la plus odieuse du monde est humain et doit être traité comme tel. Sinon nous renions notre propre humanité pour nous ranger dans une catégorie sur humaine.
Si vous partez d'un tel constat vous ne concevez pas que l'on puisse réhabilité le coupable, la porte est ouverte à la peine de mort, car le raisonnement que vous refusez d'aboutir en disant "Il ne faut pas les tuer, certes, mais les empêcher de nuire." d'autre le ferrons ou l'on déjà fait.

Remplace le mot "humanité" par "membre de la société" si tu veux : mon propos n'aura guère varié de sens. Je suis personnellement bien d'accord avec le fait que le qualificatif "humain" est une immense plaisanterie.
Evidemment, que je pense qu'il ne peut y avoir réhabilitation, je ne vois pas pourquoi cela ouvre la porte à la peine de mort. Si cela devait néanmoins être le cas, cela resterait une décision démocratique. Quels droit ces monstres laissent-ils à leur victime ?
Nous ne sommes pas d'accord, je le vois bien, j'ai lu tes arguments, les ai en partie admis en ce qui concerne le choix du mot "humanité", mais je crois que je vais en rester là. Bonne journée !

Poussepain a écrit: La question réside dans la conception de la proportion, disons que la prison a vie est, en France, comme dans de nombreux pays, assimilée à la peine de mort. Imaginez un instant passer le reste de vos jours entre quatre murs sans espoir de sortie. La souffrance psychologique doit être terrible voir même à l'orée de la torture.

Je peux entendre l'argument de la souffrance d'une vie "sans espoir". Cependant, je crois que la société, par l’intermédiaire de la justice, se doit de prendre sérieusement en compte les risques de récidive. Si la criminelle en question n’a pas compris en quoi ses crimes étaient monstrueux, à quoi aura servi sa peine de prison ? Elle sera quitte avec la justice soit, mais avec la société qu’elle doit réinsérer ? Nous ne parlons pas là d’un voleur de voiture, mais de quelqu’un pour qui la vie humaine n’avait visiblement pas la moindre valeur. A-t-elle fait le chemin lui permettant de revivre en société sans être de nouveau sous l’emprise d’un taré et capable du pire ? C’est la seule question importante à mon sens. Si non, doit-on prendre le risque de savoir un jour par les faits qu’elle représentait encore un danger ? Il y a des choix à faire, et dans ce cas, le mien est de faire passer la vie d’autres possibles victimes avant sa "terrible souffrance psychologique" de criminelle psychopathe (diagnostiquée en 2008).

La prison ne soigne pas.

Et merci pour ton post, invitant à une réflexion plus poussée sur le rôle de la justice ; ce qu’elle est et ce qu’on voudrait (à tort ou à raison) qu’elle soit.

Poussepain a écrit:Ce que fait l'homme est par essence humain. Au delà de la pur logique c'est une évidence. Le phénomène criminelle est inhérent à l'humanité.

Complètement d'accord avec ça. Ce qui fait rejeter en dehors de la sphère humaine celui qui commet des actes odieux n'est sans doute que la peur, le refus, de cette "essence humaine" qui nous est commune et dont la réalité n'est pas toujours "idéale".

Moustique de cette semaine :


Qui s'apprête-t-on à relâcher dans la nature? L'ex-jeune fille modèle ou la complice du pire monstre qu'ait connu la Belgique?



Couvent français ou pas, la mécanique est en marche: Michelle Martin, 51 ans, est sur la voie de la libération. Quinze ans après son arrestation, soit à la moitié de la peine de 30 ans à laquelle elle avait été condamnée. Trop tôt? C'est ce que pense la grande majorité de la population. Gageons, ou plutôt espérons, que les personnes qui ont pris la décision de la relâcher, fût-ce sous conditions, se sont bien assurées de sa non-dangerosité.

Parce que, pour tous les autres, le doute reste entier. Le mystère Martin n'a pas encore été résolu: comment une jeune fille modèle devient-elle la femme du Diable, voire son visage féminin? Est-elle juste une amoureuse transie tombée entièrement, et tragiquement, sous la coupe d'un monstre? C'est en tout cas l'explication qu'elle a toujours donnée. Et qu'une lecture sommaire de son parcours peut accréditer. À partir de sa rencontre avec Dutroux, fin 1981 sur la glace de la patinoire de Forest, sa vie prend en tout cas l'allure d'une inexorable descente aux enfers.

De prison en prison
Toutes les personnes qui l'ont connue avant cette date n'ont qu'un mot à la bouche pour la décrire: modèle. Une élève qui ne connaît aucun problème lors d'une scolarité qu'elle quitte avec son diplôme d'institutrice en poche. Une bonne camarade aussi, quoique plutôt effacée. Une façade extérieure qui cache une vie familiale moins rose. Orpheline de son père à six ans après un accident de voiture, elle doit composer avec une mère hyper-possessive qui pallie le manque du mari défunt en fusionnant avec sa fille. Avec une image plutôt glauque pour résumer cette situation: celle d'une enfant qui doit partager le lit de sa mère jusqu'à ses 18 ans. Et qui vit le début de son histoire d'amour avec Dutroux, pourtant déjà marié et père de deux enfants, comme une libération. Elle ne fait pourtant que passer d'une prison à une autre.

Même topo pour sa vie après son arrestation en 1996. Une fois éloignée du monstre, et après avoir dû "apprivoiser" ses codétenues, elle semble à nouveau s'épanouir. Les avocats, visiteuses et directeurs d'établissement qui l'ont côtoyée racontent tous la même histoire: elle accepte sans broncher les règles d'enfermement, elle travaille, elle lit, elle suit sa thérapie. Vis-à-vis de ses codétenues, elle se montre attentionnée et prévenante. Une femme qui n'a apparemment rien à voir avec cette allure terne, transparente, comme absente, qui la caractérisait lors du procès.

Juste dire "non!"
Mais cette histoire de la pauvre fille tombée sous l'emprise d'un tyran pervers qu'elle craint ne peut pas tout expliquer. Des éléments clochent: des amis d'enfance et des personnes qui l'ont connue en prison ont constaté que Michelle Martin pouvait dire "non". Un mot qu'elle n'a jamais prononcé devant les atrocités commises par Dutroux. Elle a pourtant eu plusieurs occasions de le faire. Au début de la carrière du violeur en série, pour commencer, lorsqu'il se contente de lui montrer les photos de ses crimes sexuels. Elle choisit de rester et devient même sa complice quand elle se met au volant de la camionnette du prédateur. Lors de la première condamnation du couple ensuite. En 1991, elle écope de cinq ans, elle n'en purge que deux et sort bien avant celui qui est devenu son mari. Au lieu d'en profiter pour briser le cycle infernal, elle choisit de l'attendre.

L'homme était entré en prison en tant que prédateur pervers, il en ressort transformé en bête enragée. C'est alors une escalade terrifiante qui conduit à ce terrible épisode de la cache dans laquelle elle ne descend pas pour nourrir Julie et Mélissa, encore moins les faire sortir. Pourtant à nouveau, elle a toute latitude pour tout arrêter: Dutroux est en détention préventive. Elle l'expliquera par "la peur" que lui inspirent les deux fillettes. Incompréhensible.

Tout comme cette dichotomie de sa personnalité: parallèlement aux horreurs dont elle se rend complice, elle continue à tenter de remplir son rôle de mère de famille. Les psys convoqués à la barre lors du procès en assises évoquent sa capacité, apparemment forgée dès un jeune âge, à "sortir de sa conscience", à se rendre étrangère aux faits, comme si elle était restée extérieure à toute cette horreur. Et c'est sans doute dans ce phénomène qu'il faut rechercher aussi le refus, qui avait choqué l'écrivaine Nicole Malinconi (voir ci-contre), d'assumer sa responsabilité dans toute cette histoire.

Est-elle guérie de cette "dépendance pathologique", comme l'avaient nommée les psychologues experts mandatés par la justice pour examiner Michelle Martin? A-t-elle fait le pas d'accepter son rôle dans la mort des petites et de l'assumer? Personne ne peut répondre à ces questions. Si ce n'est elle et, peut-être, les professionnels qui ont décidé qu'elle pouvait sortir de prison. Si le proverbe est rarement utilisé dans ce contexte, cet événement nous rappelle que "dura lex, sed lex". En français: malgré l'horreur, malgré tout, Michelle Martin reste une justiciable comme les autres. Et à partir du moment où les professionnels du tribunal d'application des peines (TAP) jugent valable son plan de réinsertion, on ne peut pas faire grand-chose, sinon apprendre à l'accepter.

Je me pose soudain une question en lisant son âge, 51 ans, qui peut-elle encore rencontrer, avec son vécu, sinon peut-être des individus intéressés par sa sombre histoire ?